- Accueil
- Lutte ouvrière n°2209
- Pour augmenter les salaires, il faut prendre sur les profits
Leur société
Pour augmenter les salaires, il faut prendre sur les profits
« Sur les sept dernières années, 24 groupes du CAC 40 croulant sous les profits ont augmenté leur masse salariale par employé de seulement 8 % en moyenne, alors que les dividendes par action gonflaient de 110 % » constate le dossier de l'hebdomadaire L'Expansion de décembre 2010 consacré aux salaires. Tout cela se place sous le titre : « Pourquoi il faut augmenter les salaires ». Il est vrai que le journal patronal n'affirme vraiment cette nécessité que dans le titre !
Les exemples qu'il donne n'en sont pas moins édifiants. Chez L'Oréal, les actionnaires ont vu leurs dividendes doubler entre 2003 et 2009 alors que les salaires n'ont quasiment pas bougé. Chez Total, la rente totale versée aux actionnaires entre 2003 et 2009, sous forme de dividendes ou de rachats d'actions, dépasse de 19 % la somme consacrée aux rémunérations des salariés.
De même, toujours selon L'Expansion, sur dix ans, de 1999 à 2009, les employés de Lafarge ont vu la productivité augmenter de 56 % quand leurs salaires progressaient d'à peine 26 %. En dix ans, la productivité dans les grandes entreprises françaises a bondi de 27 %, alors que les salaires n'ont augmenté que de 15 %. Ces gains de productivité ne profitent pas aux salaires, voilà ce qu'on peut en conclure. Effectivement, les travailleurs le savent, ces gains ont été obtenus essentiellement par une aggravation de l'exploitation, comme le montre l'augmentation des cadences imposées dans toutes les entreprises. Chaque salarié a travaillé plus durement pour produire plus de richesses, mais celles-ci ont été accaparées par les actionnaires. Là encore, L'Expansion en donne une illustration. À Sanofi Aventis, 23 % de la valeur ajoutée, le quart de la richesse produite par les 100 000 salariés du groupe, sont reversés à une poignée d'actionnaires.
D'autres chiffres donnés sont parlants. Chez Lafarge, seuls 4 % de la valeur ajoutée sont consacrés à l'investissement, à peine 8 % chez EDF, 0 % chez Saint-Gobain. Tout cela « c'est de la prédation », c'est ce que déclare même un tenant du capitalisme comme Jean Peyrelevade, ancien patron du Crédit Lyonnais, et aujourd'hui directeur de la banque d'affaires Léonardo. Et de constater : « Les actionnaires institutionnels exercent une pression non seulement intenable, mais exagérée sur les entreprises. Depuis quelques mois (...) ils exigent de nouveau leurs fameux 15 % de rendement. Cet impératif ne peut s'appliquer, sauf à prendre des risques inconsidérés et à provoquer de nouveau une crise majeure. » Eh oui, à force de comprimer les salaires pour accentuer encore leur part de profit, un profit dont ils ne font rien d'autre que d'alimenter la spéculation financière, ce sont les capitalistes qui enfoncent la société dans la crise. Mais aucun capitaliste ne décidera d'augmenter les salaires et de diminuer ses profits.
Alors les travailleurs ne devront compter que sur leurs luttes pour contraindre les patrons à augmenter les salaires. Quant à sortir de la crise, il faudra pour cela se débarrasser des capitalistes.