Pas assez d'argent pour payer les fonctionnaires !01/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2209.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Pas assez d'argent pour payer les fonctionnaires !

Il manque 930 millions d'euros pour assurer la paie de décembre des fonctionnaires. Le gouvernement a annoncé qu'il n'y a pas de crainte à avoir et que les salaires seront bien versés, la somme manquante étant débloquée en urgence par des transferts de crédits pris sur d'autres postes du budget.

En fait, il ne s'agit pas d'un déficit réel, mais d'un écart entre les prévisions budgétaires et la réalité, qui concerne huit ministères, dont ceux de l'Intérieur, de la Défense et de l'Éducation nationale, dont le nombre de départs en retraite a été sous-évalué, tandis que certaines primes ou indemnités n'ont pas été prises en compte. Car si le gouvernement maintient sa politique de baisse des emplois dans la fonction publique, notamment par le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, qui sert de base à ses calculs, il navigue à vue en ce qui concerne les effectifs. Ainsi, différents services n'ont pas anticipé que, à cause de la réforme des retraites de 2003, un nombre important de fonctionnaires ont dû prolonger leur activité, pour ne pas voir leur pension minorée. Cela explique en grande partie les quelque 20 000 postes « en plus » retrouvés le mois dernier dans l'Éducation nationale.

La baisse des effectifs a donc un coût, que n'avaient pas prévu certains ministères. Ainsi, toujours dans l'Éducation nationale, le recours aux heures supplémentaires a augmenté du fait du manque d'enseignants et, pour que les cours puissent se tenir, il faut de plus en plus souvent faire appel à des contractuels ou des vacataires. Dans l'armée, l'État s'est engagé à reloger les militaires dont les bases ont été fermées, et ceux qui acceptent de quitter l'armée reçoivent 75 000 euros en moyenne. Le montant des primes a aussi gonflé, parce que l'État les multiplie pour tenter de masquer la minceur des augmentations de salaire. Si leur montant est faible pour les fonctionnaires situés en bas de l'échelle, il n'en va pas de même pour les hauts fonctionnaires, qui se sont vu gratifier en 2009 d'une prime « au mérite », censée remplacer tout un maquis de primes, et dont le montant peut dépasser les 60 000 euros annuels, par exemple pour les préfets.

Le fait qu'il ait manqué près d'un milliard d'euros est un exemple du manque de sérieux des calculs de ce gouvernement qui, régulièrement, doit ajuster ses dépenses de fonctionnement - même si, cette année, les proportions sont plus importantes. On peut craindre que cela ne devienne une habitude. Dans sa recherche systématique d'économies, il accentue d'année en année ses attaques contre la fonction publique en faisant pression sur les salaires, en même temps que le nombre de postes diminue.

L'annonce qu'il n'y a pas assez d'argent va en tout cas dans le sens de la propagande gouvernementale, qui se résume à dire que l'État dépense trop pour les services publics.

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