Congrès du Parti de Gauche : Des habits neufs, une politique usée01/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2209.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Congrès du Parti de Gauche : Des habits neufs, une politique usée

Du 19 au 21 novembre, le Parti de Gauche a tenu son deuxième congrès au Mans. Créé en janvier 2009, à l'initiative, entre autres, de Jean-Luc Mélenchon, alors sénateur PS de l'Essonne, et de Marc Dolez, député PS du Nord qui avaient quitté le Parti Socialiste à l'issue de son congrès de Reims de novembre 2008. Deux ans plus tard, il revendique 7 200 adhérents. 53 % d'entre eux, soit 3 830, ont pris part aux votes sur les textes soumis à la discussion pendant la période préparatoire au Congrès.

À l'occasion de ce congrès, Jean-Luc Mélenchon a réaffirmé que l'objectif de son parti était de rassembler, à la gauche du Parti Socialiste, « l'ensemble des composantes militantes de la gauche écologiste, sociale et républicaine de rupture » avec pour objectif de « changer le rapport de forces à l'intérieur de la gauche ». Autrement dit tenter de concurrencer électoralement le Parti Socialiste et Europe-Écologie-Les Verts.

Mais Mélenchon a surtout pris date pour l'élection présidentielle de 2012. Il appelle à la « révolution citoyenne », formule qu'il a substituée à celle qu'il avait d'abord utilisée, la révolution par les urnes. Et il ne cache pas que son parti se veut un parti de gouvernement. « La radicalité comme je la comprends, elle est très concrète et gouvernementale » précise-t-il. Mais gouverner avec qui, sinon avec les autres composantes de la gauche de gouvernement ?

Pour « peser dans les échéances électorales », comme il le prétend, le Parti de Gauche a conclu depuis 2008, avec le Parti Communiste, une alliance électorale, le Front de gauche, rejointe en 2009 par la Gauche Unitaire de Christian Picquet, transfuge du NPA qui, lui, avait refusé de s'y joindre. Cette alliance, reconduite en 2010 pour les élections régionales, devrait l'être pour les cantonales de mars 2011 et pour la présidentielle de 2012. Sauf que lors des élections régionales, dans un certain nombre de régions, les instances locales du PCF ont refusé l'alliance avec le Parti de Gauche, voyant clairement dans l'opération Mélenchon une tentative d'aspirer l'électorat du PCF.

En vue de la présidentielle, Mélenchon a cultivé un style - son « populisme » - qui plaît à une partie de l'électorat, y compris du PCF. Sa présence dans les médias lui donne sans doute, pour la désignation du candidat du Front de Gauche à la présidentielle, un longueur d'avance sur André Chassaigne, que le PCF a mis sur les rangs, symboliquement, pour faire pièce à Mélenchon. Mais quoi qu'il en soit du candidat, en quoi peser un peu plus sur le plan électoral pour se trouver en meilleure position pour négocier une place dans un gouvernement de gauche peut-il constituer une perspective pour les travailleurs ?

Prétendre, ou laisser entendre qu'il suffirait de quelques postes de ministres de plus dans un gouvernement de gauche pour changer le rapport de forces en faveur des travailleurs, c'est une tromperie. On a suffisamment vu que ce sont les patrons, les banquiers, les financiers qui imposent leur politique aux gouvernements, de droite ou de gauche. Les militants du Parti Communiste, et ses électeurs, en ont fait la triste expérience, à partir de 1981, quand la gauche a accédé au pouvoir. Ni les députés du PCF ni ses ministres n'ont empêché le gouvernement de gauche de mener la même politique que la droite. Le Parti y a perdu ses électeurs, et démoralisé ses militants. Faut-il donc recommencer la même chose, sous le nom de Front de Gauche ?

C'est dans les entreprises, dans la rue, par le moyen des grèves et des manifestations, que le rapport de forces peut changer en faveur des travailleurs. Et si un front doit se constituer, c'est d'abord autour de leurs revendications essentielles, et de la lutte pour les imposer.

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