Procès de la dioxine en Isère : Les pollueurs ne seront pas les payeurs01/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2209.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Procès de la dioxine en Isère : Les pollueurs ne seront pas les payeurs

Le procès d'une pollution à la dioxine, liée à un incinérateur d'ordures ménagères construit à Gilly-sur-Isère, vient de s'ouvrir à Albertville.

L'affaire remonte aux années 2000. Suite à la plainte de plusieurs associations de riverains, cette usine appartenant au Syndicat intercommunal du secteur d'Albertville (Simigeda), regroupant une cinquantaine de communes, et exploitée par Novergie, filiale du groupe Suez-Environnement, fut fermée administrativement le 24 octobre 2001. Des analyses avaient révélé des taux de dioxine dépassant jusqu'à 750 fois les normes maximales autorisées à l'époque. Depuis sa mise en service, cet incinérateur avait fonctionné sans surveillance et au mépris des normes de sécurité. Dans un rayon de dix kilomètres, les habitants de 26 communes, représentant 41 000 personnes, avaient donc subi ses fumées toxiques pendant des années. Mais cette pollution avait également contaminé le bétail ainsi que les oeufs et les produits laitiers de cette région très agricole, et des milliers d'animaux durent être abattus. Des cas anormalement élevés de cancers ont aussi été enregistrés dans la population de la région.

Durant des années, les habitants ont dû se battre pour faire cesser cette pollution et faire reconnaître leurs droits, alors que la préfecture et le Simigeda, présidé par le maire UMP d'Albertville, multipliaient les déclarations rassurantes et traînaient les pieds.

Comme par hasard, quelques mois avant le procès qui vient de s'ouvrir, le Simigeda a été dissous, ce qui a entraîné l'abandon des poursuites à son encontre. De même le tribunal n'a pas jugé utile de citer à comparaître l'ancien préfet de Savoie, ni l'ex-président du Simigeda, invoquant le fait qu'ils avaient été blanchis lors de l'instruction. Quant au directeur de Novergie, il renvoie la responsabilité de cette affaire sur le syndicat intercommunal dissous.

Une chose est également sûre, il n'est pas question dans ce procès de juger des effets de cette pollution sur la santé des riverains. On comprend que les représentants des riverains aient constaté que « personne n'est responsable », et conclu « On se moque de nous », beaucoup manifestant leur colère en quittant la salle d'audience.

Il y a donc peu à attendre de la justice dans ce scandale comme dans beaucoup d'autres liés à des questions de pollution : la complicité des élus, des représentants de l'État et des grands groupes industriels est évidente, comme leur mépris commun pour la santé publique.

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