Pour qui ce genre de construction ? Des logements de plus en plus chers01/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2209.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Pour qui ce genre de construction ? Des logements de plus en plus chers

Les prix de l'immobilier connaissent une hausse record, en particulier pour les logements anciens, et en particulier à Paris où le mètre carré a atteint 7 030 euros en moyenne, selon les chiffres récemment publiés par les notaires.

C'est une hausse de 13,8 % en un an, par rapport au troisième trimestre 2009. Au niveau national, la hausse est de 8,6 % au troisième trimestre pour le même type de logements. C'est le résultat d'une demande plus grande. Un bon nombre d'acheteurs sont des investisseurs qui ont préféré placer leurs économies « dans la pierre » plutôt que de les risquer à la Bourse. D'autres ont profité des taux d'intérêt assez bas, 3 à 3,5 % sur quinze ou vingt ans, pour se lancer dans ce type d'acquisition, souvent pour échapper à un loyer qui grevait lourdement leur budget en pure perte.

Cela ne règle évidemment pas le problème du logement. En 2004, 55,7 % des ménages en France étaient propriétaires de leur résidence principale ; ils sont aujourd'hui 58 %. Mais il vaudrait mieux dire que, tant qu'ils n'ont pas remboursé leur emprunt, ils n'ont fait que troquer leur ancien propriétaire contre un nouveau : la banque. Là encore ce sont les banques qui sont les gagnantes de l'opération, du moins tant que leurs clients peuvent rembourser.

Et surtout, il reste tous les autres, ceux pour qui acheter un logement est inaccessible et le sera de plus en plus, et ceux pour qui même payer un loyer nécessite des sacrifices parfois impossibles à tenir sur la durée. D'après le récent rapport de la Fondation Abbé-Pierre, un demi-million de ménages ont des impayés de loyers, 3,5 millions sont très mal logés ou pas du tout, à la rue, dans un habitat de fortune ou en structure d'accueil, et 6,6 millions sont en situation de réelle fragilité.

De novembre 2009 à octobre 2010, le nombre de mises en chantier de logements (334 000) a été en recul de 1,5 % par rapport à l'année précédente. Quant aux 120 000 logements sociaux financés en 2010, selon Benoist Apparu, secrétaire d'État au Logement, il apparaît comme ridicule par rapport aux besoins.

Le problème du logement ne sera pas résolu par les mesurettes du gouvernement. Apparu a eu le culot de saluer les efforts de Neuilly pour remplir son objectif triennal de 746 logements sociaux ; il a plaidé la nécessité de créer à Paris - par qui et comment ? - un marché de logements à loyers « intermédiaires », compris entre 13 et 16 euros le mètre carré, ce qui voudrait dire tout de même au moins 1 200 euros mensuels pour un quatre-pièces.

Accroissement de la spéculation immobilière d'un côté, et de celui des mal-logés de l'autre : mettre fin à cette situation nécessite pour commencer la réquisition des logements vides, ensuite la construction à grande échelle d'au moins un million de logements sociaux qui sont indispensables dès maintenant.

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