SNCF Gare de Paris Saint-Lazare : Cheminots et usagers, mêmes intérêts28/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2113.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF Gare de Paris Saint-Lazare : Cheminots et usagers, mêmes intérêts

Vendredi 23 janvier, un usager se trouvant sur les voies a été percuté par un train de banlieue entrant en gare de Paris Saint-Lazare. Pour permettre l'intervention des pompiers venus le secourir, il a fallu couper l'alimentation électrique, ce qui a évidemment arrêté le trafic.

Des voyageurs se trouvant dans des trains bloqués en pleine voie en sont alors descendus. Le même scénario se répétant de proche en proche, il devenait impossible de faire circuler le moindre train. Ainsi, toute circulation a été interrompue de 17 h 30 à 20 heures, sur un des réseaux les plus fréquentés de la banlieue parisienne.

À la gare Saint-Lazare elle-même, le nombre des voyageurs à quai augmentait rapidement, d'autant que l'on était un vendredi, en fin d'après-midi, période où les retours après le travail s'additionnent aux départs en week-end.

Parmi les dizaines de milliers de voyageurs espérant un train, quelques-uns s'en sont pris à des cheminots, les accusant d'être responsables du blocage. Un chef de gare a reçu des coups, des baies vitrées ont explosé et, comme l'a montré un reportage télévisé, des cheminots ont dû s'enfermer dans un local, protégés par la police et des militaires.

La direction SNCF et le gouvernement ne sont évidemment pas neutres dans cette situation, eux qui ont mené une campagne hostile à l'égard des cheminots, particulièrement dans cette gare où la direction a mis un mois pour céder en partie aux revendications des grévistes. Celles-ci concernaient les cheminots bien sûr, mais aussi les usagers car l'amélioration des conditions de travail des uns amène aussi des améliorations dans les conditions de transport des autres.

Si les voyageurs en arrivent à ne plus supporter la situation, c'est d'abord parce que le réseau est saturé et que les services rendus sont délabrés. Depuis des années, on assiste à une dégradation de la régularité des trains. En quatre ans, les minutes cumulées de retard, calculées sur une année, sont passées de 400 000 à 800 000, pour la région de Paris-Saint-Lazare. Bien que le réseau fonctionne au-delà de ses capacités, la direction continue à réduire l'entretien : les équipes de la voie doivent à présent se regrouper pour pouvoir effectuer les gros travaux et il n'est pas rare que pour réparer une rame il faille « vampiriser » une autre afin de récupérer une pièce manquante. Les effectifs des contrôleurs viennent de connaître une nouvelle réduction. Il y a des trains avec 2 000 à 3 000 voyageurs et... un seul conducteur en tout et pour tout.

Bref, pour la direction de la SNCF, il faut absorber la hausse des voyageurs avec toujours moins de travailleurs.

À chacun de leurs mouvements, les cheminots mettent en cause cette dégradation dont ils subissent eux aussi les conséquences. Dans leurs interventions, des délégués du personnel se placent du côté des usagers pour réclamer plus de moyens, plus de respect, plus d'investissements.

Alors, si quelqu'un prend les usagers en otage, c'est avant tout la direction et le gouvernement. C'est contre eux que la colère des cheminots et des voyageurs doit se tourner.

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