La « masterisation » des concours28/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2113.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La « masterisation » des concours

Jusque-là, pour passer le concours d'enseignement en lycées et collèges (le Capes), il fallait être titulaire d'un diplôme bac +3. En cas de réussite, le nouveau fonctionnaire, tout en recevant un salaire, suivait une année de stage durant laquelle il dispensait quelques cours devant des élèves (5 ou 6 heures par semaine) tout en suivant lui-même une formation (dans les IUFM).

Tout cela change avec le projet de « masterisation » : les concours, dorénavant intégrés à des études en « master », supposeraient un niveau bac + 5. Et dès la rentrée suivant le concours, les reçus seraient directement mis en situation, à temps plein, devant leurs classes. Autrement dit, ce serait la suppression des IUFM, de l'année de formation... et du salaire qui allait avec, remplacé officiellement par une « gratification » dix fois inférieure et pouvant être supprimée d'un jour à l'autre.

De plus, ce montage ouvre la voie à des générations d'étudiants qui auront obtenu leur diplôme bac + 5 d'enseignement, mais qui auront échoué à un concours rendu de plus en plus sélectif depuis des années : ils formeront ainsi une masse toute désignée de précaires effectuant les mêmes tâches que les titulaires, pour un salaire bien inférieur.

Si l'on ajoute à cela l'incurie totale du ministère quant à la mise en place de la réforme, les universitaires étant censés concevoir ces masters sans connaître le contenu des futurs concours, on ne s'étonnera pas que, dans bien des universités, les enseignants aient pris la décision (inédite) de bloquer le dépôt de leurs projets de master auprès du ministère.

La copie gouvernementale se couvre donc de remarques écrites au stylo rouge. Souhaitons que la mobilisation actuelle la recale pour de bon.

Partager