Grèce : Une militante syndicale vitriolée28/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2113.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Une militante syndicale vitriolée

Environ un millier de personnes, des militants syndicaux, des travailleurs de différentes entreprises, des étudiants ont manifesté jeudi 22 janvier, à Athènes, en solidarité avec la militante syndicale Constantina Kouneva grièvement blessée lors d'une agression, il y a un mois. Une autre manifestation a eu lieu à Thessalonique, dans le nord du pays.

C'est en rentant chez elle, dans un quartier populaire d'Athènes que Constantina Kouneva a été attaquée par des individus qui l'ont aspergée de vitriol et l'ont même forcée à en avaler. Elle a perdu un oeil et souffre de graves lésions internes, sans doute irréversibles.

Secrétaire de l'Union régionale de la région d'Athènes du personnel de nettoyage, cette travailleuse immigrée d'origine bulgare est une militante combative dans un secteur où les patrons sont particulièrement agressifs. La flexibilité et la déréglementation de l'embauche dans ce secteur, commencées sous les gouvernements socialistes et poursuivies par les gouvernements de droite, laissent les mains libres à un patronat de choc. Les employés, essentiellement des immigrés, ont un statut précaire ; les patrons ne paient pas les heures supplémentaires et, souvent, ils ne paient pas non plus intégralement les heures normales ; avant d'être engagés, les travailleurs doivent souvent signer une lettre de démission en blanc ; licenciements, mutations arbitraires, changements d'équipes, manque de sécurité au travail, telles sont les conditions de travail dans ce secteur.

Fin 2008, peu avant son agression, Kouneva s'était affrontée au patron d'Oikomet, une société de nettoyage, d'environ 800 personnes, travaillant pour des entreprises publiques comme le métro d'Athènes (l'ISAP) ; avec ses collègues, elle avait réclamé l'intégralité de la prime de Noël et dénoncé les malversations patronales. Auparavant, elle avait déjà été déplacée à un autre poste, loin de chez elle et elle avait fait l'objet de multiples pressions et de menaces.

Les patrons de ces sociétés qui travaillent pour l'État ont de nombreux liens avec les milieux parlementaires, de gauche comme de droite, qui leur ont procuré ou leur procurent aujourd'hui ces marchés très rémunérateurs. Cela explique sans doute l'absence ou la lenteur des réactions des responsables politiques et des directions syndicales, d'autant plus que la militante syndicale agressée n'appartient pas à leur confédération. Cela explique aussi le manque de zèle de la police et une enquête tellement superficielle que le juge d'instruction a renvoyé le dossier aux enquêteurs en leur demandant de faire un travail sérieux.

Les manifestants qui criaient devant le ministère du Travail : « Les assassins de Kouneva doivent payer ! Il faut fermer ces entreprises de négriers ! » n'ont, eux, aucun doute sur les commanditaires de cette tentative d'assassinat.

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