Décret Pécresse : La grogne monte parmi les universitaires28/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2113.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Décret Pécresse : La grogne monte parmi les universitaires

Le gouvernement de Sarkozy est sans doute en train de réaliser une performance rare : provoquer un mouvement des universitaires. Dans ce milieu pourtant peu prompt à la contestation, une succession de mesures est en effet en train de provoquer une mobilisation sans précédent.

En effet, dans la foulée de la loi dite « d'autonomie des universités » adoptée en catimini en juillet 2007, et qui confère notamment à leurs présidents des pouvoirs accrus en matière financière, Valérie Pécresse a récemment rendu public un décret qui remet en cause le statut des enseignants du supérieur. Jusque-là, ceux-ci étaient tous astreints à une même obligation d'enseigner, environ 200 heures par an, devant les étudiants. Le reste de leur temps était consacré à leurs activités d'encadrement, d'administration, et surtout de recherche. Le projet de décret prévoit que désormais ce service d'enseignement serait modulable, au bon vouloir du seul président de l'université.

Ainsi, un enseignant dont on voudrait favoriser les recherches pourrait être dispensé d'une partie, voire de la totalité de ses heures de cours. Inversement, un chercheur pourrait se voir obligé de dispenser davantage d'heures de cours, jusqu'au double du service actuel, ce qui, de fait, réduirait à zéro le temps disponible pour ses recherches.

Au-delà de la démagogie gouvernementale sur la nécessité de contrôler l'utilisation de l'argent public, et donc la qualité des recherches menées par ces fonctionnaires, ce décret cousu de fil blanc ouvre avant tout la porte à une réduction massive des postes d'enseignants du supérieur. Pas besoin en effet d'avoir un doctorat pour comprendre que les présidents d'université distribueront davantage de surcharges d'enseignement que de décharges, économisant ainsi les postes de titulaires. Et au cas où un président s'aviserait de l'avoir mal compris, le décret prend d'ailleurs bien soin de préciser que dans chaque université le bilan global doit impérativement se solder par une économie d'heures.

Cette charge frontale s'ajoute à quelques autres mesures menées à la hussarde, comme celle de la « masterisation » des concours d'enseignement, et elles convainquent beaucoup d'enseignants du supérieur que le gouvernement se moque d'eux-mêmes, de la qualité de la recherche et des étudiants.

Dans plusieurs dizaines d'universités, les enseignants se sont réunis, souvent en compagnie de personnels administratifs et d'étudiants. De nombreuses motions ont été votées, qui exigent le retrait des décrets. Des mesures de rétention de notes, de grèves de jury, voire des cours, ont été adoptées, et un durcissement du mouvement est prévu à partir du lundi 2 février.

Apparemment, parmi toutes les facultés que Sarkozy et Pécresse ont sous-estimées, il y avait la faculté... de réagir à leurs attaques.

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