Allemagne : Des milliards pour les trusts, des licenciements et du chômage pour les travailleurs28/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2113.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Des milliards pour les trusts, des licenciements et du chômage pour les travailleurs

Le gouvernement allemand de « grande coalition » (la droite et les sociaux-démocrates gouvernent ensemble) a présenté, mi-janvier, un « programme de relance de l'activité économique » d'un montant de 50 milliards d'euros sur deux ans.

À côté de ce qui est présenté comme des « investissements » dans la formation, l'éducation ou les communes - mais qui correspond en grande partie à des réhabilitations indispensables de bâtiments -, 18 milliards sont censés permettre de relancer la consommation. Cela va de réductions d'impôts sur le revenu à une prime de 100 euros par enfant pour les parents qui perçoivent déjà des allocations familiales, en passant par une prime à la casse de 2 500 euros, censée encourager l'achat de voitures neuves.

Ces mesures limitées risquent d'avoir bien peu d'effet. Et surtout elles concernent ceux qui gagnent le plus, comme la baisse d'impôts, dont ne vont pas profiter... ceux qui n'en paient pas (environ la moitié de la population).

De son côté, le patronat a reçu des aides bien plus substantielles. Un plan de soutien aux entreprises, d'un montant de 100 milliards, est en gestation. Ce n'est pas le seul. Mi-octobre, le gouvernement avait par exemple débloqué un « paquet de sauvetage » de 480 milliards d'euros à destination des banques. La Commerzbank a ainsi reçu 8,2 milliards du paquet de l'État, et encore 15 milliards de garantie de crédits. Qu'en a-t-elle fait ? On a déjà pu le voir en janvier, où elle a acheté la Dresdner Bank pour 5 milliards et va détruire en même temps 9 000 emplois.

Dans l'industrie automobile aussi, ce sont les 760 000 salariés qui travaillent pour Daimler, Volkswagen, BMW, MAN, Audi, Opel ou Porsche, qui sont les victimes de la crise. Pourtant, malgré une chute des ventes au cours du deuxième semestre 2008, les trusts de ce secteur se portent plutôt bien. Ainsi, d'après les chiffres provisoires publiés dans la presse, Daimler n'aurait réalisé en 2008 que 6 milliards de bénéfices, au lieu des 7 espérés ! Cela n'a pas empêché, depuis septembre, ces grosses entreprises de mettre massivement les intérimaires à la porte. Quant aux travailleurs qui ont un contrat à durée indéterminé, ils sont confrontés, comme en France, au chômage partiel. C'est le cas aussi chez les fournisseurs ou sous-traitants : Salzgitter, Continental, Bosch, Hella, Johnson Controls, etc.

À l'échelle du pays, les licenciements se sont multipliés dans bien des secteurs. Conséquence : le taux de chômage officiel, qui était en baisse depuis des mois, est reparti à la hausse. Et une étude récente de l'OCDE estime que le total des licenciements s'élèvera à près de 700 000 en 2009. Ce seront autant de familles supplémentaires plongées dans la misère.

Face à cette catastrophe sociale, les syndicats plaident dans bien des entreprises pour la résignation. Berthold Huber, le président de l'IG Metall, la fédération des métallurgistes, a lui-même déclaré récemment, dans le quotidien Berliner Zeitung : « Si c'est nécessaire et si nous pouvons maintenir des emplois au moyen d'un report temporaire des augmentations de salaires, nous le ferons. » Il est certain que les travailleurs, qui ne sont en rien responsables de la crise, ne peuvent compter sur de tels dirigeants pour défendre leur emploi comme leur niveau de vie.

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