À Lampedusa et ailleurs, mourir en tentant de fuir la misère28/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2113.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

À Lampedusa et ailleurs, mourir en tentant de fuir la misère

Samedi 24 janvier plusieurs centaines d'immigrés internés dans le camp de Lampedusa, une île italienne située entre la Sicile et la Tunisie, sont sortis de leur prison et ont défilé dans les rues aux cris de « liberté ». Ce sont des boat people, arrivés dans l'île sur des embarcations de fortune et démunis de toute pièce d'identité. Ils seraient aujourd'hui 1 800 clandestins détenus dans un camp prévu pour 800 personnes.

Les habitants de l'île qui, de leur côté, refusent que le gouvernement italien construise un deuxième camp de rétention à Lampedusa ont fait bon accueil à la manifestation.

Dans la nuit du 18 au 19 janvier, une fois de plus, 26 émigrants tunisiens qui tentaient la traversée sont morts noyés. Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), un organisme dépendant de l'ONU, a calculé que l'an passé près de 70 000 personnes ont ainsi essayé de gagner l'Europe par la mer, soit par la Méditerranée, soit par l'Atlantique. 1500 d'entre elles y ont laissé la vie. Des milliers ont été reconduites dans leur pays de départ, des milliers d'autres croupissent dans des camps en Europe, un nombre inconnu est retenu dans des camps financés par les États européens, mais situés sur le sol libyen. La situation de ces derniers risque d'ailleurs de s'aggraver encore car la Libye vient de décréter des mesures d'expulsion massive. Vers où ?

La misère sévissant sur la plus grande partie de la planète, le même phénomène se reproduit sur toutes les mers du monde, là où des hommes essaient de fuir la misère ou la répression pour des pays qu'ils espèrent meilleurs.

Ainsi, toujours suivant le HCR, 70 000 personnes ont tenté ces deux dernières années la traversée du golfe d'Aden, de l'Afrique ravagée par la guerre et la misère vers le Yémen, pas beaucoup plus riche, mais en paix. Le HCR a recensé plus de 2 000 disparus, souvent tout simplement jetés à la mer par les passeurs à l'approche d'une vedette de garde-côtes.

Ceux qui prennent la mer dans de pareilles conditions, que ce soit dans le golfe du Bengale, en mer Rouge, dans l'Atlantique vers les îles Canaries ou en Méditerranée vers l'Europe, n'ignorent rien des risques qu'ils courent. Mais le fait qu'ils tentent quand même l'aventure donne une idée de ce qu'ils vivent dans leur pays d'origine.

Devant cette réalité, produit de la misère répandue par l'impérialisme sur des continents entiers, les mesures de « protection » des États, les lois, les murs, les vedettes militaires, les camps, etc. ne peuvent être qu'un barrage dérisoire, en même temps qu'une infamie.

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