Le droit à un logement correct pour la population laborieuse... Incompatible avec le capitalisme !14/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1941.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le droit à un logement correct pour la population laborieuse... Incompatible avec le capitalisme !

Aujourd'hui, les hausses considérables du prix des logements et des loyers, la régression du pouvoir d'achat, font qu'il est de plus en plus difficile aux familles de travailleurs de se loger décemment, même pour ceux qui ont un travail et un salaire. On en est arrivé à voir des salariés, touchant pourtant régulièrement une paye, réduits à la condition de «SDF», de sans-domicile-fixe, ce qui est une manière hypocrite de dire qu'ils n'ont pas de domicile du tout. Mais s'il s'est singulièrement aggravé ces dernières années, le problème du logement est en fait un problème chronique du système capitaliste.

Malgré l'élévation incontestable du niveau de vie de la population laborieuse depuis le XIXe siècle, avec des hauts et des bas dus aux fluctuations de la combativité ouvrière, aux variations de l'offre et de la demande sur le marché du travail, avec des différences liées à une plus ou moins grande qualification, le salaire correspond toujours grosso-modo à ce qui est nécessaire pour permettre de vivre à une famille de travailleurs, pas plus. La preuve en est que si beaucoup aimeraient bien échapper à la condition ouvrière, bien peu y parviennent.

De leur côté, les capitalistes de la construction n'ont aucunement envie d'investir pour construire des logements à l'usage d'une clientèle insuffisamment solvable à leurs yeux. C'était vrai au XIXe siècle et cela reste toujours vrai.

Cependant, en certaines périodes, pour fixer la main-d'oeuvre dont ils avaient besoin, certains patrons ont fait construire ce qu'on appellerait aujourd'hui des «logements sociaux». Ce fut ainsi que naquirent les corons du Nord ou les cités Michelin à Clermont-Ferrand. À d'autres occasions, c'est l'État qui est intervenu pour éviter à la bourgeoisie de se retrouver devant des travailleurs revendiquant des salaires leur permettant d'accéder à des logements corrects sur le marché de l'immobilier.

Tout comme l'État a créé la Sécurité sociale pour éviter que les travailleurs revendiquent des salaires permettant de faire face individuellement à tous les aléas de la vie, en mutualisant les risques, il a développé à certaines périodes des aides à l'accession à la propriété, ou des programmes de construction d'appartements à bon marché, de qualité le plus souvent médiocre, mais assurant un toit aux travailleurs.

Sur fond de ce problème chronique, surviennent parfois des accès aigus, comme c'est le cas aujourd'hui.

La spéculation immobilière qui fait rage depuis quelques années contribue à renchérir encore les prix des loyers et des logements mis en vente dans des communes ou des quartiers qui étaient habités, il y a peu de temps encore, par des familles de travailleurs. C'est ainsi que certaines familles de la petite bourgeoisie, hauts cadres ou commerçants, ne réussissent plus à se loger dans les quartiers prisés des grandes villes et doivent se replier sur des quartiers populaires, voire de la périphérie. Ils augmentent la demande de logements dans les secteurs concernés et, du coup, font monter les prix, tandis que les travailleurs sont repoussés dans des banlieues plus lointaines, vers des logements aux loyers un peu plus abordables, même si le temps et le coût des transports augmentent en conséquence et se traduisent forcément par de la fatigue supplémentaire, des conditions de vie plus difficiles.

En outre, le capitalisme décadent ne maintient de plus en plus ses taux de profit que grâce aux aides directes ou indirectes de l'État et des collectivités territoriales. Et comme les fonds de l'État ne sont pas inépuisables, la construction de logements destinés aux familles pauvres est réduite à la portion congrue, comme la Sécurité sociale réduit ses prestations au fil des mois.

Le résultat de tout cela, c'est la série de tragédies à laquelle on a assisté cette année, avec ces incendies d'hôtels, d'immeubles vétustes, ou de squats, qui ont touché la fraction la plus démunie de la population laborieuse, ceux qui ne peuvent trouver à se loger dans un appartement offrant un minimum de sécurité, soit parce qu'ils sont chômeurs ou Rmistes, soit parce qu'ils sont immigrés ou sans papiers.

Les travailleurs ont un besoin urgent de logements, mais pas de logements «sociaux», pas de logements de charité, mais de logements correspondant à leurs besoins, de bons logements, en nombre suffisant. Mais ce droit de tous à un logement correct ne sera vraiment assuré que dans une société dont le moteur sera la recherche du bien commun et non la course au profit individuel.

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