Vive les travailleurs de la SNCM!14/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1941.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Vive les travailleurs de la SNCM!

À l'heure où nous écrivons la grève des travailleurs de la SNCM entre dans sa quatrième semaine. Ils n'acceptent pas la privatisation de leur entreprise et les 400 suppressions d'emplois qui vont avec. Leur courage et leur combativité méritent le respect de l'ensemble des travailleurs.

Au début, c'est une privatisation pure et simple qui a été annoncée, mais la détermination des grévistes a amené le gouvernement à reculer en annonçant qu'il garderait 25% du capital, puis que la participation des salariés passerait à 9%. C'est encore la détermination des grévistes qui a imposé la libération des marins du Pascal-Paoli. Le gouvernement vient de promettre qu'il n'y aura pas de licenciements secs et que l'entreprise ne sera pas démantelée.

Mais en même temps il agite la menace du dépôt de bilan et de 2200 licenciements, si le travail n'a pas repris avant vendredi soir.

Malgré tout cela, les travailleurs de la SNCM continuent. Ils ont raison de penser que même une participation de l'État à 25% n'empêchera pas des suppressions d'emplois puisque 100% de participation, comme c'est le cas jusqu'à nouvel ordre, ne les ont pas empêchées. Et chaque travailleur sait que la promesse de «pas de licenciements secs» n'empêche pas des propositions de mutation, qui reviennent au même.

Les ministres se succèdent à la télévision pour mener une campagne de propagande contre la grève et les grévistes. Des patrons pleurent sur les millions d'euros que les grèves leur font perdre. Ce qui prouve au moins que ces millions, ils ne les gagnent que grâce au travail de tous ceux qui participent à la production comme au transport de leurs marchandises. Les politiciens vitupèrent contre «la minorité violente» qui bafouerait la démocratie en tenant en «otage» l'économie.

Minorité, les grévistes? Mais, lorsque le chef du gouvernement décide d'attribuer la SNCM, dont la valeur est estimée à 450 millions d'euros, pour la somme de 35 millions d'euros au PDG d'un fonds de spéculation, son ami personnel, en promettant de surcroît que l'État prendra en charge le paiement des dettes et les frais des licenciements prévus, contre la volonté non seulement des travailleurs de la SNCM, mais de toute une région, qu'est-ce donc si ce n'est une poignée d'individus qui imposent leur diktat à tous?

Violents, les grévistes? Mais annoncer des centaines de licenciements, c'est-à-dire autant de travailleurs poussés au chômage, n'est-ce pas une violence contre ces travailleurs et contre leurs familles?

Pour la bourgeoisie, lorsqu'une grande entreprise, publique comme la SNCM ou privée comme Hewlett-Packard, décide de mettre à la rue des centaines de travailleurs, c'est normal. Mais que les travailleurs menacés se défendent, c'est une violence inadmissible.

Et combien d'autres mensonges pour essayer de dresser l'opinion publique contre les travailleurs de la SNCM? Les subventions versées à la SNCM constitueraient un «gouffre» que l'État ne peut plus supporter? Pourquoi donc le déficit de la SNCM, service public utile en direction de la Corse et du Maghreb, serait-il insupportable? Mais il n'est pas question de toucher au programme d'avions de combat Rafale, cher à Dassault... et surtout coûteux pour les contribuables, alors qu'il creuse un gouffre autrement plus important dans le budget!

Sous la pression, certaines organisations syndicales, FO et la CGC, qui comptent de nombreux officiers dans ces rangs, ont fini par appeler à la reprise du travail. Lors d'une assemblée générale des sédentaires, la reprise du travail a été demandée par le représentant de la CGT. Les marins doivent à leur tour être consultés de la même façon.

Quoique décident ceux de la SNCM, leur lutte mérite le respect de tout les travailleurs.

Le patronat et le gouvernement, auraient bien voulu avoir affaire à des travailleurs qui acceptent en silence les coups qu'on leur donne!

Eh bien, les travailleurs de la SNCM ne l'ont pas entendu ainsi! Ce sont eux qui ont raison!

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