Gaz : Les prix flambent14/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1941.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Gaz : Les prix flambent

Après avoir augmenté de 4% au 1er juillet, et de 2,6% le 1er septembre, le prix du gaz pour les particuliers va encore augmenter le 1er novembre. Cela se situe dans le cadre d'une hausse annoncée de 14% entre le 1er juillet 2005 et le 1er juillet 2006.

Et cela, nous a-t-on prévenus, «à coût du pétrole constant». Étant donné l'envolée du prix du brut, il faut donc s'attendre à des hausses plus fortes pour le gaz que ces 14%. D'ailleurs pour rendre ces augmentations un peu moins sensibles à chaque fois, elles seront plus nombreuses: ce sera tous les trimestres, à partir de 2006, et non plus tous les semestres.

Gaz de France se défend à chaque augmentation en déclarant qu'il doit acheter 95% de son gaz à l'étranger et que les contrats d'achat gaziers sont indexés sur les cours du pétrole.

C'est exact. Les contrats de Gaz de France avec ses fournisseurs (essentiellement quatre pays: Norvège, Algérie, Russie et Pays-Bas) sont des contrats certes à long terme mais avec des clauses d'indexation sur le pétrole, tout comme le pratiquent la plupart des compagnies gazières de l'Union européenne.

Mais à quels tarifs exactement? Il faut savoir que des représentants de la Russie et de l'Algérie, par exemple, se sont plaints que certaines sociétés européennes, et Gaz de France en fait partie, leur achetaient du gaz à bas prix pour le revendre ensuite non à leurs clients habituels, mais à des pays tiers, à des tarifs plus élevés! Un ministre russe de l'Énergie déplorait, à la veille de l'ouverture du marché de 2004, cette situation où la Russie vendait son gaz «entre 110 et 130 dollars le millier de mètres cubes, alors que les consommateurs finaux européens le paient 300 dollars à leurs fournisseurs».

Alors il faudrait pouvoir examiner précisément les comptes de Gaz de France et à quels prix il achète.

Rappelons aussi que cette indexation gaz sur pétrole, imposée par les compagnies productrices (ce sont les mêmes sociétés pour les deux produits) est véritablement scandaleuse.

D'une part on prétend, de manière mensongère, que la hausse du pétrole résulte de l'insuffisance de l'offre. C'est déjà faux pour le pétrole: il reste de 40 à 50 ans de réserve, et on va continuer à découvrir d'autres gisements, même s'il est bien évident qu'un jour ils finiront par être à sec. Mais, d'autre part, c'est encore plus faux pour le gaz dont les réserves excèdent de dix à vingt ans celles du pétrole. Et si pour le pétrole on évoque l'insuffisance du raffinage, lequel est d'ailleurs provoquée par une politique délibérée des «majors», on ne peut en dire autant pour le gaz.

Si le gaz est indexé sur le pétrole, c'est parce qu'une poignée de dirigeants de multinationales en a décidé ainsi.

Là-dessus se greffe la situation de Gaz de France, qui répercute, mais au-delà, les hausses de ses prix d'achat, car Gaz de France doit satisfaire ses nouveaux actionnaires.

Et puis s'il est vrai que Gaz de France, en tant qu'acheteur, doit payer davantage, de son côté le trust TotalFinaElf, à la fois producteur de pétrole et de gaz, engrange des bénéfices somptueux. Alors si on puisait dans les coffres de Total ce que ce trust a gagné sur le gaz (et sur le pétrole) on pourrait y trouver de quoi éviter ces hausses à répétition.

Seulement à force de laisser tout augmenter, gaz, essence, fuel, et demain électricité, nos dirigeants sont peut-être en train de fabriquer un mélange explosif.

Partager