La liste des victimes parmi les candidats à l'émigration en Europe a continué à s'allonger ces derniers jours, lors des tentatives d'assaut désespérées pour franchir les barrières des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla en Afrique. L'Espagne et le Maroc, avec le soutien hypocrite de l'Union européenne, utilisent les pires moyens pour refouler les émigrants et décourager ceux qui attendent de les imiter.

L'Espagne expulse désormais vers le Maroc ceux qui réussissent à pénétrer dans Ceuta et Melilla, alors qu'elle sait que le Maroc refuse de les recevoir sur son sol et affrète des charters pour les renvoyer dans leurs pays d'origine.

L'Union européenne voudrait convaincre à coups de subventions les deux pays vers lesquels les émigrants africains confluent, le Maroc et la Libye, de faire eux-mêmes barrage. Et tant bien que mal, ces deux pays d'Afrique jouent ce rôle de chiens de garde. D'autant plus facilement et sans le moindre état d'âme que leurs dirigeants jouent déjà le rôle de geôliers pour leurs propres peuples. D'ailleurs, le régime marocain sans scrupule, sans pitié, a montré qu'il était capable du pire, en expulsant des hommes et des femmes sans vivres, sans eau, dans des zones désertiques. Quant à la Libye, autre point de passage pour l'Europe, Sarkozy vient de lui proposer une aide policière supplémentaire pour traquer les émigrants.

L'Union européenne parle d'un «plan Marshall» pour le développement de l'Afrique, en référence à l'aide américaine fournie pour relancer l'économie européenne aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Mais en attendant, elle entreprend une véritable guerre contre ces hommes, ces femmes, réduits aux dernières extrémités pour survivre.

On avait beau savoir que ce monde des riches est sans pitié, même pour ceux qui sont à la recherche de quelques miettes tombées de leur table, on est malgré tout encore bouleversé et révolté par ces images qui nous arrivent d'outre-Méditerranée.