Allemagne : La «grande coalition» de deux partis au service du capital14/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1941.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : La «grande coalition» de deux partis au service du capital

Trois semaines après les élections législatives du 18 septembre, les deux grands partis qui dominent la vie politique allemande, la CDU-CSU (droite) et le SPD (dit de gauche), ont finalement trouvé un accord pour former une «grande coalition» et gouverner ensemble l'Allemagne, sous la houlette d'Angela Merkel, la présidente de la CDU.

Pourtant, le chancelier social-démocrate sortant, Gerhard Schröder, déclarait le soir du scrutin lors d'un débat télévisé, où Angela Merkel était assise à quelques mètres de lui: «Vous pensez vraiment que dans la situation actuelle mon parti va entrer en négociation avec Madame Merkel, alors qu'elle prétend être la chancelière? Vous plaisantez!». Durant ces trois semaines de négociations politiciennes où les phrases assassines n'ont pas manqué, après une campagne électorale où les deux têtes de liste semblaient s'affronter avec virulence, tout est rentré dans l'ordre... Ils sont d'accord pour gouverner main dans la main, dans le sens de la défense des intérêts de la bourgeoisie.

Ce ne sera pas la première fois que la droite et la gauche gouvernent ensemble en Allemagne, dans le cadre de ce qu'on appellerait en France une «union sacrée». Ce fut le cas entre 1966 et 1969. À l'époque Willy Brandt, le dirigeant du SPD, qui s'était dans sa jeunesse exilé pour fuir le régime hitlérien, n'avait pas été gêné de devenir ministre des Affaires étrangères du chancelier CDU Kurt Georg Kiesinger, lequel, sans y avoir occupé des fonctions de premier plan, avait tout de même été membre du parti nazi!

De telles coalitions, il y en a eu aussi dans les municipalités ou les Länder, à onze reprises dans neuf Länder différents depuis 1960! À l'heure actuelle, c'est le cas en Saxe, à Brême et dans le Brandebourg.

Et surtout, il existe une collaboration de fait entre le SPD et la CDU. Celle-ci a soutenu l'essentiel des mesures proposées par Schröder, comme les lois sur la réforme du système de Sécurité sociale, au détriment des assurés.

En mars dernier, le gouvernement Schröder a même organisé un sommet exceptionnel pour l'emploi avec les responsables de la CDU. Comme réponse au chômage, il y fut question... d'alléger à nouveau les charges fiscales des entreprises.

Alors, s'ils s'opposent sur un certain nombre de thèmes (comme l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne), les programmes des deux partis sont, sur les questions sociales, convergents.

Et si lors de la campagne électorale Angela Merkel a fait étalage de projets plus réactionnaires les uns que les autres, elle a, sur certains sujets, été doublée sur sa droite par le SPD. Ainsi, en ce qui concerne la réduction de l'impôt sur les sociétés, la CDU proposait de l'abaisser de 25% aujourd'hui à 22%... tandis que le SPD mettait en avant un taux de 19%. La coalition entre la CDU et le SPD n'est donc nullement une alliance «contre nature», comme le présentent en France un certain nombre de commentateurs. Au contraire même, la convergence sur le fond entre leurs projets leur permettra de gouverner, sans problème, contre les travailleurs.

Reste à espérer que le mécontentement qui existe parmi ces derniers, et qui s'est exprimé dans les urnes, s'approfondisse et se transforme en mobilisation active du monde du travail contre le patronat et les politiciens, coalisés à son service.

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