Renault – Flins (78) : Villepin préfère les robots aux ouvriers14/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1941.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault – Flins (78) : Villepin préfère les robots aux ouvriers

Le vendredi 7 octobre, Dominique de Villepin et Carlos Ghosn, le PDG de Renault, étaient en balade à l'usine Renault de Flins. Bien que la visite de l'atelier de Tôlerie, qui fabrique la caisse de la Clio III, soit restée secrète jusqu'au dernier moment, les travailleurs auraient pu avoir la puce à l'oreille. En effet, depuis quinze jours, des travaux de nettoyage, voire d'embellissement étaient réalisés. Les cloisons et les portes des bureaux de la direction de Tôlerie étaient même déplacées! Il s'agissait en fait de permettre le passage de l'aréopage galonné qui devait sans encombre traverser l'atelier ce matin-là.

Le ravalement intérieur et extérieur du bâtiment, le premier depuis vingt ans dans cette partie de l'usine, fut donc entrepris. La chasse à la poussière mobilisa les cadres qui tournaient, un chiffon à la main. Toutes les ferrailles qui traînaient d'ordinaire dangereusement, depuis des mois, autour du bâtiment avaient été évacuées.

Enfin, le jour J dès 6 heures du matin, Aubergenville était quadrillée par les cars de CRS et l'usine était investie par des policiers cynophiles à la recherche d'explosifs. Pendant la visite-éclair, les portes de l'usine furent bloquées et les accès du bâtiment de Tôlerie interdit par une armée de gardiens et de policiers.

Le patron et le Premier ministre, ne débordant sans doute pas d'enthousiasme à l'idée de rencontrer des travailleurs et d'éventuelles manifestations d'hostilité, ne visitèrent que la partie la plus robotisée de la Tôlerie. Les conditions de travail démentes en production, les suppressions continuelles de postes et d'emplois, les départs en préretraite CASA de ces dernières années qui n'ont jamais été remplacés par des embauches, le recours massif à des travailleurs intérimaires sur les postes les plus pénibles, auxquels s'ajoute la politique antiouvrière du gouvernement, il y aurait eu de quoi pourtant leur parler du pays. D'autant que, cerise sur le gâteau, la direction de l'usine de Flins venait d'annoncer seulement 200 embauches en CDI, pour, paraît-il, répondre à la demande des clients, alors que pas moins de 2000 intérimaires sont actuellement en poste, sur les quelque 6000 emplois que compte l'usine.

Une délégation du syndicat CGT a été bloquée par la police avant d'être finalement reçue par un attaché de cabinet du Premier ministre. Ce dernier bâillait tellement pendant l'entrevue que la délégation a quitté les lieux pour le laisser dormir tranquillement. Un résumé symbolique de la façon dont ces messieurs considèrent les travailleurs. Jusqu'à ce qu'ils soient tirés de leur torpeur satisfaite par la colère des travailleurs.

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