Belgique : Une journée de grève réussie,mais le gouvernement passe en force!14/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1941.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Une journée de grève réussie,mais le gouvernement passe en force!

Comme ici en France, les attaques du gouvernement belge contre les droits des travailleurs se sont multipliées. La suppression des préretraites avant 60 ans a été la mesure la plus visible d'un ensemble d'attaques visant à diminuer encore les retraites sous couvert d'augmenter le taux de quinquagénaires au travail et ce, afin de «sauver» -dit-on- la Sécurité sociale.

Par ailleurs, lors des plans de licenciements, les travailleurs qui perdraient leur emploi seraient tenus d'accepter un travail proposé par des cellules de reclassement, même si c'est à un salaire inférieur, hors de la qualification du licencié ou loin de chez lui. Seuls pourraient accéder à la préretraite à partir de 56 ans les ouvriers pratiquant des travaux durs et ayant 35 ans de carrière... c'est-à-dire pas grand monde, alors que de nouveaux plans de licenciements menacent. De plus, les années de préretraite pourraient ne pas être prises en compte pour le calcul des retraites.

Ces mesures sont particulièrement révoltantes alors que le taux de chômage est supérieur à 12%. Les syndicats avaient bien senti l'émotion parmi les travailleurs. La FGTB (socialiste) et la CSC (chrétienne) avaient lancé ensemble un mot d'ordre de grève générale. Mais la journée prévue par la CSC a finalement été annulée, la grève étant devenue «inutile», aux dires de la direction de ce syndicat, suite à d'hypothétiques avancées des négociations. La FGTB, quant à elle, a quand même confirmé son appel mais au dernier moment, ne laissant guère qu'une journée à ses militants pour informer leurs camarades, convaincre les hésitants et organiser les piquets de grève.

Vendredi 7 octobre la grève fut une réussite: transports bloqués, nombreuses entreprises au ralenti, banques et Poste touchées, nombreux grands magasins fermés, écoles sans profs et sans élèves, de nombreux barrages de routes et de zones industrielles entraînant d'immenses embouteillages. Cette grève a sans doute montré l'influence de la FGTB, mais elle a surtout montré le mécontentement et, en même temps, l'importance du monde ouvrier quand il s'exprime par la grève.

De nombreux affiliés CSC sont passés outre les consignes de leur syndicat et ne sont pas venus au travail. La grève fut aussi très suivie en Flandre, bien que la FGTB y soit minoritaire... Ce qui, une fois de plus, va à l'encontre des préjugés caricaturaux qui veulent que les travailleurs flamands soient moins combatifs que les travailleurs wallons.

Comme la FGTB s'était bien gardée d'appeler à des manifestations ce jour de grève, encore moins à une manifestation centrale à Bruxelles, la mobilisation n'a pas pu être concrètement mesurée. C'est sans doute cela qui a permis aux représentants patronaux de dénoncer le blocage de la capitale «par une minorité syndicale» et la grève et les piquets comme «une prise d'otages collective».

Quel culot! S'il y a une minorité qui prend la société en otage, c'est bien la minorité de capitalistes qui prélève ses profits exorbitants sur toute l'économie, comme le font aujourd'hui les trusts du pétrole ou ceux de la pharmacie.

Les dirigeants de la FGTB ont exprimé leur satisfaction de la réussite de la grève du 7 octobre. Mais cette mobilisation salariale sans lendemain n'a pas suffi à faire fléchir le gouvernement. Pour être vraiment efficace, elle aurait dû préparer une mobilisation plus vaste. Et d'ailleurs la réponse massive à l'appel pourtant peu déterminé d'un seul syndicat a montré que les travailleurs pourraient reprendre confiance dans leur lutte, si au moins une direction syndicale faisait preuve de détermination.

Les patrons et le gouvernement ont été certes impressionnés, mais Onkelinx, la ministre PS, et le Premier ministre libéral Verhofstadt avaient d'avance déclaré qu'avec ou sans la signature de la FGTB, les mesures sur les préretraites seraient prises. C'est dire que les ministres ne reviendront en arrière que si les patrons craignent de perdre beaucoup à cause d'une grève qui menace de s'élargir et de durer.

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