Dans notre courrier - pensions de réversion : Des économies sur le dos des veuves et des veufs14/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1941.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Dans notre courrier - pensions de réversion : Des économies sur le dos des veuves et des veufs

Nous avons reçu d'une lectrice la copie d'une lettre qu'elle a adressée au président de la République et dont elle nous demande de faire mention dans notre presse, pour faire prendre conscience des mesures prises en matière de retraite par le gouvernement Raffarin et qui pénalise aussi les pensions de réversion touchées par les conjoints survivants.

Voici les extraits les plus significatifs de sa lettre:

«Aujourd'hui encore, après sept années, je pleure le décès de mon mari mort d'une embolie pulmonaire. C'était en 1998. Depuis, j'ai dû trouver un travail pour survivre et j'attendais patiemment mes 55 ans pour bénéficier de la pension de réversion à laquelle j'espérais avoir droit. Je précise que mon mari travaillait depuis l'âge de 16 ans: quarante années de travail, pour quoi?

Dorénavant, la pension de réversion pourra être touchée avant 55 ans. J'étais fort aise, et comme dans «Perrette et le pot au lait», je rêvais déjà aux améliorations possibles dans mon humble demeure... Malheureusement c'était sans compter sur ceux qui veulent faire des économies sur le dos des veuves.

Jusque-là, au moment de la liquidation de la pension, le calcul se faisait à partir des trois mois précédant le décès -or à cette époque je ne travaillais pas- et ensuite il n'y avait plus de contrôle de ressources. Aujourd'hui le contrôle de ressources se fait au moment de la liquidation, mais il va y avoir un contrôle annuel desdites ressources et, cerise sur le gâteau, la pension pas encore touchée compte dans le calcul liminaire! J'en ris jaune...

En un mot, je gagne trop d'argent, quand mes ressources annuelles s'élèvent à 19630,38 euros. Sachant que le plafond pour bénéficier de cette pension de réversion est de 15828 euros, il faut donc que je perde un peu plus de 3800 euros en 2005 par rapport à 2004. Aussi, pour toucher les 577 euros de la pension de réversion de mon époux, suis-je contrainte de prendre un congé sans solde de six semaines puis de travailler à temps partiel.

De plus je ne peux pas encore recevoir les complémentaires car je n'ai pas 55 ans, il me faut donc attendre décembre 2006.»

D.L. (Moselle)

Les modifications des règles définissant les conditions d'attribution des pensions de réversion pour les veuves et veufs d'anciens salariés et retraités, commencées au moment de la réforme des retraites imposée par le gouvernement Raffarin en 2003, se sont conclues seulement avec les derniers décrets pris sur ce sujet en décembre 2004.

Pour compléter ce que dénonce notre lectrice, il faut noter que le gouvernement a décidé de limiter la pension de réversion à 54% du montant de la pension de retraite du conjoint décédé. L'obligation d'être marié pour en avoir le bénéfice a été maintenue, même si la durée de mariage nécessaire a été ramenée à deux ans. Les membres des centaines de milliers de couples vivant maritalement parfois depuis des dizaines d'années n'y ont donc pas droit.

Enfin, si le gouvernement va supprimer progressivement les conditions d'âge pour pouvoir toucher la pension de réversion, il a imposé des plafonds de ressources bas. Pour pouvoir toucher la pension de réversion, le conjoint survivant devra avoir des ressources annuelles inférieures à 2080 fois le smic horaire, soit 15 828,80 euros au 1er janvier 2005. La CGT a estimé que 225000 d'entre eux devraient perdre le bénéfice de la pension de réversion qu'ils touchaient.

À l'heure des cadeaux royaux aux plus riches, des baisses d'impôts jusqu'au crédit d'impôts, sans parler des aides en tous genres aux entreprises, il est indigne de priver des centaines de milliers de veuves et veufs du droit à toucher une pension de réversion, qui devrait être complète à 100%, pour tous les couples de travailleurs, mariés ou pas.

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