Chirac affirme son soutien au président afghan Karzaï : Coquelicots et pavots14/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1941.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chirac affirme son soutien au président afghan Karzaï : Coquelicots et pavots

Le 3 octobre, le président afghan Hamid Karzaï était reçu à l'Élysée pour sa première visite officielle, depuis le simulacre d'élection qui l'avait confirmé, l'année dernière, à la tête de l'Etat. Chirac l'a assuré de «la poursuite de l'engagement français» dans son pays.

Cet engagement représente environ 600 militaires déployés en Afghanistan, dans le cadre de l'Isaf, la Force internationale d'assistance à la sécurité, composée d'environ 20000 hommes placés sous le commandement de l'OTAN. C'est à la France que doit revenir la direction de l'Isaf, pour la province de Kaboul, au début de 2006. À l'aide de ses Mirage, elle participe aussi à des opérations aériennes dans le cadre de l'action dite «antiterroriste» que mène l'aviation américaine à coup de frappes aériennes dans les montagnes du sud-est.

Concernant la situation des 21 millions d'habitants de l'un des pays les plus pauvres du monde, dévasté de surcroît par deux décennies de guerre, les deux chefs d'État n'ont fait que constater la persistance de «nombreux problèmes».

L'Afghanistan demeure la plaque tournante de la culture du pavot: opium, morphine mais aussi 87% de la production mondiale d'héroïne proviennent des cultures afghanes, c'est de notoriété publique. 7% des terres arables sont vouées à la culture du pavot, dont les semailles commencent précisément début octobre. Loin de diminuer, la production de drogue a quintuplé en 2004, par rapport à l'année précédente. Toute une hiérarchie de profiteurs s'enrichit peu ou prou sur ce commerce, des petits trafiquants aux seigneurs de guerre, en passant par toute une partie de l'appareil d'État. Interviewés par un quotidien canadien, deux trafiquants précisaient qu'ils devaient verser systématiquement 4% de leur revenu au chef de la police de la localité où se pratiquait leur commerce, cette «taxe» pouvant atteindre 10% dans certaines régions; les petits cultivateurs de pavots devant, quant à eux, verser jusqu'à 7000 dollars par an à la police.

Dans une telle situation, les congratulations mutuelles de Chirac et Karzaï, leurs engagements hypocrites quant à la diminution des surfaces consacrées à la culture du pavot, ne sont qu'écran de fumée... opiacée.

Partager