Invasion des criquets en Afrique : Les puissances occidentales désertent15/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Invasion des criquets en Afrique : Les puissances occidentales désertent

La presse française a récemment parlé de l'invasion des criquets pèlerins en Afrique, essentiellement parce qu'elle avait atteint les îles touristiques des Canaries. Mais si les criquets y ont fait quelques dégâts, ils sont tout de même bien moins dramatiques que dans les pays du Sahel et du Maghreb, où l'invasion des criquets pèlerins continue de provoquer des ravages.

C'est l'invasion la plus grave depuis quinze ans. Dans les pays de cette région, des récoltes entières sont anéanties, des pâturages sont ravagés après le passage d'essaims qui peuvent rassembler plusieurs milliards de criquets, capables de consommer 300 tonnes de végétaux par jour. En Algérie, un million d'hectares ont été déjà infestés. En Mauritanie, 1,5 million d'hectares. Au Mali, plus d'un million de personnes ont tout perdu, car ils se retrouvent sans récolte, sans stocks de nourriture et ont absolument besoin d'aide alimentaire sous peine de famine. Au Sénégal, des villages entiers sont confrontés à des problèmes de ravitaillement en eau potable, car les puits sont pollués par les criquets qui envahissent tout. Les femmes sont obligées de faire des dizaines de kilomètres à pied pour se ravitailler dans des villages où existent des bornes-fontaines.

Mais pour lutter contre ce fléau, le Mali ne disposait, en juillet 2004, que de quatre véhicules pick-up, d'un camion et de 5000 litres de pesticides, permettant de traiter au maximum 5000 hectares, alors que la superficie infestée a dépassé plusieurs centaines de milliers d'hectares.

Pourtant on sait depuis longtemps combattre l'invasion de ces insectes par épandage préventif de pesticides. En février 2004, la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, avait estimé les besoins concernant cette lutte à 9 millions de dollars. Malgré les prévisions alarmistes des scientifiques, quasiment rien n'a été fait à l'époque. En août, suite aux premières invasions, les besoins avaient augmenté et avaient été chiffrés à 100 millions de dollars. Mais à la mi-septembre, la FAO n'avait reçu que 2 millions de dollars de subventions. Les pays riches, en particulier ceux qui sont friands de paroles humanitaires et de promesses sur l'aide aux pays en voie de développement, n'avaient donné que des conseils. Seuls les pays du Maghreb, directement concernés, avaient contribué largement. Aujourd'hui les besoins, toujours plus importants, sont estimés à 192 millions de dollars. Une somme dérisoire au regard des richesses des pays occidentaux, indifférents à la douleur des populations touchées, mais toujours prompts à dépenser des sommes colossales pour défendre quelques intérêts privés.

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