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Napoléon, un criminel contre les peuples des colonies
"Quand on parle de Napoléon, on n'évoque jamais sa décision de rétablir l'esclavagisme. Pourquoi?" Cette question fut posée lors d'un journal télévisé de France3 à l'historien Max Gallo, auteur d'une vie de Napoléon en quatre volumes. En guise de réponse, il commença par déclarer: "Non, jamais? Vous exagérez." Il ajouta ensuite: "Est-ce que c'est un crime contre l'humanité. Peut-être, je ne sais pas."
Un collectif, regroupant des Antillais, des Guyanais et des Réunionnais luttant contre les discriminations, a réagi en demandant aux pouvoirs publics une "sanction exemplaire" contre un homme "dont les multiples ouvrages historiques, qui montrent des recherches approfondies sur des sujets variés et une érudition générale, ne peuvent laisser croire à une méconnaissance, mais bien à la volonté de nier toute l'horreur d'un crime imprescriptible contre l'humanité."
En 1802, Napoléon a voulu rétablir l'esclavage que la Révolution française avait aboli huit ans plus tôt, et il envoya des armées qui perpétrèrent des massacres. Cependant, dans l'île de Saint-Domingue, qui englobe aujourd'hui Haïti et la République dominicaine, un soulèvement fut victorieux contre une expédition militaire forte de 22000 hommes et l'esclavage ne put être rétabli. Nier ce crime de Napoléon parmi d'autres, c'est escamoter la lutte de ceux qui se sont battus pour s'opposer à cette mesure barbare.
Ainsi Napoléon, massacreur dans les colonies, fait des ravages trois cents ans plus tard dans la tête d'un historien et écrivain connu, qui fut aussi député socialiste. C'est une insulte, non seulement pour les descendants des esclaves noirs, mais aussi pour tous ceux qui, aujourd'hui, se reconnaissent une filiation avec le combat des esclaves pour leur liberté.