Dassault : Un coffre-fort à la place du cerveau15/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dassault : Un coffre-fort à la place du cerveau

Serge Dassault, patron des avions du même nom, propriétaire du Figaro et du premier groupe de presse du pays, sénateur-maire (UMP) de Corbeil-Essonnes, interviewé par France Inter, se plaint de la presse qui ne défendrait pas des "idées saines", c'est-à-dire ses idées à lui.

"Les idées de gauche ne sont pas saines, elles poussent les gens à ne pas travailler, à partir sans cesse en vacances"; "Il n'y a pas d'acquis sociaux ni de 35 heures, il faut arrêter de rêver et se mettre au travail"; "Les syndicats bloquent tout et conduisent l'économie à la faillite"; "À cause des 35 heures, les infirmières quittent leur travail à quatre heures en abandonnant les malades". Tout cela était assorti du dernier refrain à la mode pour faire pression sur les travailleurs: "Les Chinois vont gagner et la France entière se retrouvera au chômage". Bref, les lois sociales et les syndicats doivent "aller au placard", dixit Dassault, place à l'exploitation sans limite et sans fard!

Un auditeur a demandé à Serge Dassault s'il pensait que la question du manque de logements sociaux pouvait être réglée par le mécénat et s'il s'engageait à y participer. Réponse outrée: "Vous êtes gonflé! On ne va pas payer pour loger les sans-logis. Je ne m'engage évidemment à rien du tout." L'auditeur n'avait parlé que de mécénat. S'il avait parlé d'impôt, le coeur de Dassault n'y résistait pas. Avec lui, on ne touche pas au grisbi, même en parole!

En plus de la franchise de ses idées réactionnaires, Serge Dassault se distingue par l'arrogance dont il a hérité en même temps que de sa fortune, de ses relations avec l'appareil d'État, de sa place de sénateur, etc. Ce monsieur qui se vante de travailler quatorze heures par jour n'a en effet rien eu d'autre à faire que d'être le fils de son père, Marcel Dassault, avionneur, député gaulliste, patron de presse.

Le "travail" de Serge Dassault consiste donc essentiellement à continuer à vendre à l'armée française les avions de combat qu'il fait fabriquer dans ses usines, à entretenir les amitiés nécessaires pour conserver l'exclusivité de ce marché, à veiller à ce que le budget militaire reste conséquent. Le groupe Dassault a d'autres activités, mais il est fondé sur l'aviation militaire et cette petite rente de situation va encore coûter 1,6 milliard d'euros aux contribuables avec l'achat de 59 avions Rafale. Aussi, lorsque Dassault parle de "réformer les hôpitaux, la SNCF, l'école, EDF..." pour diminuer les dépenses de l'État, il prêche pour sa paroisse.

Moins d'argent pour les services publics, c'est plus d'argent pour les patrons et, pourquoi pas, plus d'argent pour les Rafale et autres produits Dassault. Et c'est comme ça que, même lorsqu'on croit qu'il ne fait que débiter des âneries à la radio, en fait, M.Dassault travaille.

Partager