L'immigration à durée déterminée15/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'immigration à durée déterminée

Le 9 décembre, le ministre de l'Intérieur Villepin a réuni les préfets pour les remotiver dans le combat contre l'immigration clandestine. Après les 9400 expulsions de 2003, il y en a eu 13000 en 2004: "de bons résultats", selon lui. L'objectif est de 20000 en 2005, et pour cela il faudra serrer la vis, impliquer les maires, refuser toute démarche collective, sévir rapidement contre les occupations et grèves de la faim.

Autant Villepin affiche sa fermeté à l'égard des clandestins, autant il est pour l'immigration contrôlée et répondant aux besoins du patronat: "Si nous constatons, a-t-il dit, qu'il y a encore des domaines où il y a un manque cruel -ça peut être le cas pour des travaux saisonniers ou dans des métiers spécifiques- alors il faut identifier clairement et mesurer ces besoins et, en fonction de cela, nous diriger vers des pays qui peuvent offrir ces capacités, qui n'ont pas vocation à venir remplir ces besoins pour toujours."

C'est ce que la presse a baptisé des " CDD pour l'immigration". Ce n'est pas contradictoire. Tous les gouvernements et tous les ministres de l'Intérieur ont fait de même, aussi bien hier Chevènement ou Sarkozy qu'aujourd'hui Villepin.

Cette politique "d'immigration à durée déterminée" date de plus d'un siècle pour la récolte des fruits et légumes. Elle permettrait de satisfaire par exemple les patrons de l'hôtellerie, qui affichent 70000 postes non pourvus car trop mal payés. Elle satisferait aussi certains besoins de main-d'oeuvre qualifiée: "Les entreprises françaises doivent pouvoir recruter des étrangers présentant pour elles un intérêt technologique et commercial."

Là est donc l'essentiel, les autorités le savent bien. Pour plaire à l'opinion réactionnaire, les ministres montent en épingle la répression contre les "clandestins", mais mettent à la disposition des patrons les travailleurs immigrés en fonction des besoins de leur production.

Il n'est pas si loin le temps où l'on recrutait des Italiens pour travailler dans les mines de Lorraine, des Polonais pour descendre dans celles du Nord. Ou encore où Citroën installait des bureaux d'embauche dans le Maghreb pour recruter ceux qui se retrouvaient sur ses chaînes de fabrication.

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