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Dans les entreprises
Michelin (Cholet) : Une grève contre les cadences et pour la dignité
Chez Michelin à Cholet, le mercredi 1er décembre, la perte de salaire sur l'intéressement de trois salariés par équipe a déclenché la grève sur la ligne de finition des pneus 4x4 et camionnettes.
Cette grève qui a touché une quarantaine de salariés travaillant en quatre équipes, sept jours sur sept en alternance, s'est terminée le mardi 7 décembre au matin. En avril 2004, quelques salariés avaient déjà débrayé en déclarant qu'ils n'accepteraient pas une baisse de salaire suite à la révision des normes de production. Les finisseurs s'étaient donc donné rendez-vous fin novembre.
Chez Michelin, une partie du salaire est liée directement au rendement, c'est-à-dire à la quantité produite individuellement sur chaque machine. Les chronos définissent les normes et la production individuelle normale est l'allure 100. L'intéressement payé à "l'allure 100" est amputé pour celui qui produit en dessous et se trouve ainsi immédiatement sanctionné sur son salaire.
Mais "l'allure 100" est sans cesse modifiée. Il suffit qu'une modification technique soit apportée sur la machine, permettant de gagner quelques secondes sur une opération, pour que les chronos revoient les normes et placent la barre plus haut. Cela se traduit toujours par une hausse des cadences entraînant un peu plus le salarié dans un cycle infernal où, pour ne pas perdre trop d'argent, il est contraint de travailler plus, voire même de réduire ses temps de pause et de casse-croûte.
Une dizaine de salariés sur chacune des quatre équipes se sont donc mis en grève et l'ont reconduite pendant six jours. Ils se sont adressés à l'ensemble des travailleurs de l'usine confrontés tour à tour aux mêmes problèmes en leur demandant de les rejoindre. Mais si la grève a été vue avec sympathie, elle est restée malgré tout très minoritaire et ne s'est pas étendue.
Les chiffres parlent pourtant d'eux-mêmes. En demandant 30 pneus de plus par équipe pour chacun des douze finisseurs, cela fait 360 pneus de plus par huit heures, 1080 pneus par 24 heures, et Michelin ne débourse pas un centime, il diminue même les salaires
La direction a certes été gênée par la grève. Ce sont les pneus les plus chers de l'usine, la ligne produit le plus fort tonnage et il y a sans doute des commandes urgentes. Mais elle a aussi été gênée parce qu'elle sait que de tels conflits peuvent resurgir à tout moment dans les autres ateliers.
Les grévistes sont restés un petit nombre. Après trois jours de grève, la direction a proposé de geler la baisse éventuelle des salaires pour deux mois, sous réserve d'une reprise du travail dans les dix minutes. Un recul symbolique, mais un recul quand même. Mais les grévistes ont continué, même s'ils savaient ne pas pouvoir obtenir plus et qu'une journée de grève en plus ou en moins ne changerait rien au rapport de force. Cela a été discuté en assemblée et les travailleurs ont choisi ainsi de dire non au patron.
Les grévistes, essentiellement des jeunes embauchés, ont repris le travail tous ensemble, heureux d'avoir fait cette grève, et se sont donné rendez-vous dans deux mois.