Nettoyage Abilis - Jarrie (Région grenobloise) : Droit au respect pour tous! Halte au racisme !15/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nettoyage Abilis - Jarrie (Région grenobloise) : Droit au respect pour tous! Halte au racisme !

Un travailleur d'origine africaine, employé de la société de nettoyage Abilis, travaillant pour l'usine Cézus à Jarrie, a été injurié et frappé à la tête avec un casque de chantier. Il a porté plainte contre son agresseur. Fils du patron d'un sous-traitant de l'usine, celui-ci a dû quitter l'entreprise sur-le-champ, renvoyé par la direction de Cézus.

Devant l'émotion suscitée par cette agression à caractère raciste, la CGT du nettoyage, soutenue par la CGT de Cézus, a appelé à un rassemblement de protestation devant l'entrée de l'usine vendredi 10 décembre. Les salariés d'Abilis de Cézus ont débrayé une heure pour s'y rendre.

Ce vendredi-là, une trentaine de travailleurs se sont rassemblés devant Cézus, la majorité travaillant dans la société de nettoyage ONET sur les sites d'Arkéma (ex-Atochem), de Rhodia ou de Schneider. Plusieurs travailleurs ont raconté leurs difficultés quotidiennes, se plaignant du manque de respect dont ils étaient victimes.

C'est le cas tout particulièrement dans les entreprises du nettoyage, qui emploient une main-d'oeuvre importante d'origine immigrée et une majorité de femmes qui, elles, subissent souvent une double discrimination à caractère sexiste et raciste.

Ainsi, une employée travaillant dans les locaux de la cité Dode, c'est-à-dire dans ceux de l'inspection du travail, de la DDASS, de l'inspection d'académie, racontait qu'elle subissait depuis trois ans les vexations racistes d'une chef d'équipe qui va jusqu'à refuser de lui fournir des produits de nettoyage. Si bien que cette salariée, par peur de se voir reprocher de mal faire son travail, va les acheter à Carrefour avec sa paie! Dernièrement, la chef d'équipe lui a même craché à la figure...

L'inspecteur du travail contacté a envoyé un courrier au patron il y a un mois et demi. Mais depuis, aucune suite n'a été donnée par l'employeur ONET. Insultée, à bout de nerfs, l'employée a fini par faire des malaises et a dû s'arrêter en maladie. Elle était présente au rassemblement pour afficher sa solidarité avec le travailleur agressé, réclamant justice, pour elle comme pour tous les autres, avec beaucoup de dignité.

Des délégués CGT du nettoyage racontaient quant à eux comment l'entreprise Schneider les empêchait d'entrer sur les chantiers pour faire leur travail syndical, malgré les courriers répétés de l'inspection du travail. Ils exprimaient leur lassitude, leur désarroi devant le fait que la loi n'est pas appliquée et citaient encore un exemple de racisme. Ainsi ce fax intercepté, émis par un responsable de Schneider, dont la lecture se passe de commentaire: "J'ai peut-être l'odorat développé, mais la personne qui vient faire le ménage dans les bureaux du 1er dégage une odeur "très forte". Est-ce dû à son alimentation? Paraît-il que certaine nourriture nord-africaine occasionne ce genre d'odeur, ou est-ce par manque d'hygiène? Dans les deux cas, peux-tu intervenir auprès de notre prestataire?"

Le rassemblement des travailleurs du nettoyage a permis de témoigner devant un journaliste du Dauphiné Libéré ainsi que sur M6, qui a fait le soir même un reportage de quelques minutes. Ces travailleurs se réuniront prochainement pour décider des suites à donner aux actions en cours contre les faits de racisme.

Mais surtout ils exigent d'une part le droit au respect dans leur travail, et d'autre part que ces faits ne restent pas impunis et traités comme de simples incidents. Ils savent que banaliser ces attitudes ne peut que diviser les salariés entre eux et ainsi les affaiblir face à leurs patrons.

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