États-Unis : La guerre d'Irak mine le moral des troupes15/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : La guerre d'Irak mine le moral des troupes

On a pu voir au journal télévisé le secrétaire à la Défense américain, Donald Rumsfeld, venu s'adresser à ses troupes basées au Koweït, être interpellé par des soldats présents, ceux-ci lui reprochant notamment le fait que l'armée du pays le plus riche du monde manque de blindage pour protéger correctement une partie de ses véhicules.

Avec la prolongation de l'occupation américaine en Irak, le moral des troupes américaines est en train de baisser. C'est ce qu'indiquent plusieurs études, et le fait que la moitié des soldats US actuellement sous les drapeaux n'ont pas l'intention de signer un nouvel engagement à la fin de leur temps.

Selon la télévision CBS, depuis le début de la guerre en Irak cinq mille soldats américains n'ont pas attendu la fin de leur engagement et certains d'entre eux sont réfugiés au Canada, où il leur arrive de prendre la parole à la télévision et de dénoncer la guerre à laquelle ils ont participé.

L'armée des États-Unis se compose de 1,4 million de soldats actifs, auxquels d'ajoutent 865000 soldats à temps partiel. C'est chez ces derniers que le mécontentement est particulièrement fort. Aussi, pour la première fois depuis dix ans, la Garde Nationale n'a pas atteint ses objectifs de recrutement cette année: elle avait besoin de 56000 recrues, elle n'en a trouvé que 51000, 10% en moins.

Cette désaffection, comme la grogne des soldats en service actif, est évidemment liée au déroulement de la guerre en Irak. Depuis le début de celle-ci, on compte aujourd'hui plus de 1260 tués parmi les militaires américains. Le nombre de blessés de l'armée d'occupation atteint maintenant 747 par mois.

Les soldats en opérations trouvent qu'ils combattent dans des conditions très risquées et pour des périodes d'engagement longues; et, en tout cas, plus longues qu'ils n'avaient imaginé quand la guerre a commencé.

"Chaque jour où vous vous réveillez en vie, vous vous dites que c'est un don du ciel", expliquait l'un d'entre eux, qui arrive au terme de cinq années d'engagement, en Corée puis en Irak. Et, pour ce soldat en tout cas, cette réalité-là est plus forte que la prime de 10000 dollars qu'il pourrait toucher s'il se réengageait.

Aux protestations des soldats, Rumsfeld a répondu qu'ils étaient priés de "faire la guerre avec ce qu'ils ont, pas avec ce qu'ils voudraient avoir", affichant ainsi tout son mépris pour ceux qu'il ne considère en fait que comme de la chair à canon. Mais voilà, la chair à canon renâcle, et il y a de quoi inquiéter l'état-major de l'armée américaine, pour la continuation de la guerre en Irak bien sûr, mais également parce que les États-Unis pourraient bien se retrouver à court d'effectifs pour assumer toutes leurs tâches de "gendarme du monde".

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