Allemagne : Les méthodes musclées des patrons du commerce15/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Les méthodes musclées des patrons du commerce

En Allemagne, la fédération syndicale Verdi du commerce et des services a présenté, le 10 décembre, un "livre noir" sur les conditions de travail dans les supermarchés à bas prix Lidl.

Aujourd'hui ces supermarchés sont présents dans 24 pays d'Europe, dont la France où sont installés 200 magasins. Lidl est, avec Aldi, une autre enseigne allemande, l'un des pionniers de ce type de commerce "discount". Il a fait le choix, il y a trente ans, de faire du profit en vendant des produits alimentaires de base à bas prix, en ciblant les 10% les plus pauvres de la population. Depuis, le chômage s'étant aggravé, la clientèle de ce type de commerce s'est considérablement élargie, gonflant d'autant les profits du groupe Schwarz auquel Lidl appartient. Ce groupe a ainsi pu devenir un géant employant 151000 personnes dans le monde, dont 33000 en Allemagne. Jusqu'à présent il n'avait communiqué aucun de ses résultats et c'est sans doute la campagne organisée par Verdi qui l'a conduit à rendre public son chiffre d'affaires lors de l'émission télévisée Frontal 21, le 7 décembre. Celui-ci devrait atteindre, en 2004, les 36 milliards d'euros, en progression de 44% sur les trois dernières années! C'est nettement plus que ce qu'estimaient jusqu'alors les spécialistes!

De tels résultats n'ont pu être obtenus que grâce à une exploitation éhontée. Le "livre noir" dénonce d'ailleurs la façon dont sont traités les employés de l'enseigne. Cela va des bas salaires au recours massif aux heures supplémentaires non rémunérées (avant et après la fermeture des magasins), en passant par le non-respect de règles d'hygiène et de sécurité ou encore l'abus du temps partiel qui concerne les trois quarts des salariés, essentiellement des femmes. Les employés du groupe n'ont droit à pratiquement aucune pause durant leur temps de travail et sont systématiquement contrôlés, parfois par des caméras installées à leur insu. Des pressions de toute sorte ont lieu pour éviter la création de conseils d'entreprise (il n'y en a que 7 sur les 2500 filiales allemandes!). "Dès qu'une salariée se déclare candidate, elle reçoit systématiquement la visite de clients-mystère envoyés par la direction", explique le syndicat. C'est le licenciement immédiat à la moindre erreur. Des pressions sont aussi exercées sur l'encadrement, lorsqu'il fait preuve d'une trop grande mansuétude à l'égard des salariés. Tout cela fait régner un "climat de peur" et se passe dans un des pays les plus riches de l'Union européenne.

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