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- Lutte ouvrière n°1898
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Dans les entreprises
Papeteries La Couronne Saint-Quentin(02) : Le miroir aux alouettes des embauches contre subventions
L'usine La Couronne, à Saint-Quentin dans l'Aisne, a reçu en 2003 des subventions des collectivités publiques pour le regroupement de deux sites et le déménagement dans des locaux plus vastes. L'usine, qui fabrique des enveloppes, appartient à un groupe espagnol et dépend d'un holding De Média. Bien évidemment, pour justifier les aides, il y avait de la part de la direction l'engagement d'embaucher 65 personnes. Pour peser sur la décision, la direction n'avait pas manqué de suggérer qu'elle pourrait s'installer en Europe de l'Est.
Question embauches, pour l'instant le solde est négatif. Il y a quatre ans, suite à la création d'une équipe de week-end et, dans une moindre mesure, du fait de la mise en place des 35 heures, les travailleurs étaient plus de 150. D'après l'engagement pris par la direction à l'issue du déménagement, ils auraient dû être 250, compte tenu des effectifs de l'entrepôt de Roye, dans la Somme et des embauches promises. En réalité, les effectifs n'ont cessé de diminuer. La fermeture de ce dernier entrepôt, situé à quelques dizaines de kilomètres, a imposé au personnel soit de faire la route, trajet que la direction a accepté de payer pendant un an, soit de démissionner. De fait, une quinzaine d'entre eux sont partis. D'autre part, un certain nombre d'autres atteignent l'âge de la retraite et ne sont pas remplacés.
À cela s'ajoute le fait que la direction essaie de se débarrasser de certains travailleurs, atteints de maladies telles que des tendinites, largement liées au travail qu'ils ont fourni depuis des années dans l'entreprise. L'usine tourne malgré le manque d'effectif, car la direction fait pression sur les salariés pour qu'ils fassent chacun le travail de deux personnes, ce qui lui permet de diminuer le nombre de postes. Elle utilise des intérimaires lorsqu'elle ne peut pas faire autrement. Mais elle promet des embauches pour le deuxième semestre de 2005!
Comme on le voit, les collectivités publiques ne sont pas trop regardantes sur les aides qu'elles distribuent. Le groupe auquel appartient La Couronne apprécie ce genre d'aides. En Charente, il a touché des aides des collectivités publiques pour la mise aux normes d'une de ses usines. Et l'usine Deforges EDEP, une de ses filiales de 153 personnes, est en train de fermer! Comment les politiciens, de droite ou de gauche, peuvent-ils oser dire que les subventions versées au patronat favorisent l'emploi?
Si cela ne s'appelle pas de l'assistanat et du gaspillage de l'argent public, qu'est ce que c'est?