Israël : Les travaillistes au gouvernement pour faire la politique de Sharon15/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : Les travaillistes au gouvernement pour faire la politique de Sharon

Les négociations sont en passe d'aboutir entre la gauche israélienne, représentée par le Parti Travailliste de Shimon Peres, et le Likoud de droite d'Ariel Sharon, pour la création d'une coalition gouvernementale. Un troisième parti, dont le nom, "Judaïsme unifié de la Torah", est tout un programme, en ferait partie.

La proposition d'alliance n'est pas nouvelle et a été maintes fois formulée par Sharon, qui ne dispose plus d'une majorité au Parlement. Non seulement il a été lâché par des formations politiques se situant sur sa droite, lorsqu'il a présenté son plan de désengagement de Gaza, mais récemment il a essuyé le refus des ministres du parti laïc Shinoui de voter le budget, ce qui a entraîné leur limogeage. Sharon n'avait donc le choix qu'entre l'appel à la constitution d'une union nationale avec les travaillistes, ou la tenue d'élections anticipées qu'il n'était pas sûr de remporter. Les travaillistes tant attendus tendent donc maintenant la main à Sharon, et ce n'est pas la première fois.

Gouverner avec les travaillistes n'a jamais été un problème pour Sharon. Au début de son premier mandat, en 2001, il y avait cinq ministres travaillistes dans son cabinet, dont il justifiait ainsi la présence: "Nous sommes tous des frères, tous juifs, et nous partageons le même destin". Le Parti Travailliste avait rompu la coalition en novembre 2002, estimant qu'elle ne profitait qu'au Likoud et qu'une cure d'opposition lui permettrait peut-être de remporter de futures élections. Aujourd'hui, il accepte de regouverner avec Sharon aux conditions de celui-ci, c'est-à-dire en obtenant la portion congrue, puisque tous les postes importants, Défense, Finances et Politique extérieure, restent aux mains du Likoud qui, lui, ne change rien à sa politique.

Peres justifie la coalition par la nécessité d'appliquer le plan de retrait de Gaza voté le 26 octobre au Parlement, grâce d'ailleurs aux députés travaillistes, alors que les partis religieux et la moitié du Likoud ont voté contre. Il présente ce retrait, qui devrait être effectif fin 2005, comme un pas vers la paix.

Mais tout cela relève du mensonge. La seule chose que vont faire les travaillistes, c'est permettre à Sharon de mener sa politique et lui servir de caution. Car ils savent très bien que, si Sharon lâche Gaza et quelques petites colonies en Cisjordanie, c'est pour mieux contrôler le reste de la Cisjordanie et y favoriser les implantations de colonies israéliennes. Sharon n'envisage aucunement que puisse se créer un État palestinien. Tout au plus daigne-t-il laisser aux Palestiniens un territoire éclaté, constitué de parties éparses et séparées les unes des autres par de multiples murs et barrières contrôlés en permanence par l'armée israélienne.

En entrant au gouvernement, les travaillistes ne font avancer aucun processus de paix. Par contre, ils lient la population israélienne qui leur fait encore confiance à la politique d'un Sharon et contribuent ainsi à convaincre les Palestiniens que, comme le disait Sharon lui-même, "les Juifs partagent le même destin" et, tous ensemble, assument la politique qui refuse au peuple palestinien la reconnaissance de ses droits nationaux.

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