Espagne : Avant les élections de mars19/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Avant les élections de mars

Les élections législatives auront lieu en Espagne le 14 mars, mais voici bien longtemps que la campagne électorale a commencé.

À droite, José Maria Aznar, leader du Parti Populaire (PP) et chef du gouvernement depuis huit ans, a annoncé son retrait de la vie politique espagnole et désigné son successeur, Rajoy, avec lequel il mène campagne.

À gauche, le PSOE (Parti Socialiste), a trouvé depuis quelques années avec Zapatero un successeur à Felipe Gonzales qui, de 1982 à 1996, avait mené une politique antiouvrière restée dans bien des mémoires. Même si le programme du PSOE se distingue fort peu de celui de la droite (lutte contre l'insécurité, aides aux entreprises, etc.), le PP paraissait en perte de vitesse tant sa politique était rejetée par la rue.

En juin 2002, des millions de travailleurs avaient manifesté pour protester contre le «decretazo», décret s'attaquant aux droits des chômeurs et supprimant les aides aux journaliers andalous.

Pendant un an, les manifestations contestant la politique du PP se sont multipliées: contre la réforme universitaire, contre l'absence de réaction du gouvernement à la suite de la pollution des côtes galiciennes par le pétrolier Prestige et contre l'alignement de l'Espagne aux côtés des États-Unis dans la guerre impérialiste contre l'Irak.

Mais, le 25 mai 2003, lors des élections municipales, le PP augmentait son nombre global de voix et gardait toutes ses municipalités, à l'exception de Séville. Les récentes élections régionales de Catalogne confirmaient la perte de voix des socialistes. Si le PSOE a pris la direction de la Catalogne, succédant aux nationalistes de droite Convergence et Union, c'est en faisant alliance avec Izquierda Unida (groupement autour du PC) et surtout Esquerra Republicana Catalana (un parti nationaliste catalan en forte progression électorale).

Le slogan du PSOE est devenu: «Pour une Espagne plurielle» car il ne peut l'emporter qu'en cherchant l'alliance des groupes nationalistes, une union qui lui a donné la direction, non seulement de la Catalogne, mais aussi de l'Andalousie...

Le PP a entamé, lui, une campagne sur le thème de «l'unité et la grandeur de l'Espagne», grand pays défenseur des libertés contre le terrorisme aux côtés du grand frère américain, contre ceux qui veulent démembrer le pays, les nationalistes et leurs alliés socialistes. La politique d'attentats terroristes de l'ETA au Pays Basque lui permet de solidariser une bonne partie de l'opinion derrière sa politique réactionnaire. Le gouvernement espagnol a interdit Batasuna, le parti nationaliste proche de l'ETA et menace de prison le dirigeant du gouvernement basque et leader du grand parti nationaliste basque, le PNV, parce qu'il veut organiser un référendum sur l'autonomie du Pays Basque.

Dans ce débat, Izquierda Unida (le PC entouré de petits groupes qui le font apparaître comme un mélange de Verts, de pacifistes et de sociaux-démocrates) apporte un appui critique au PSOE. En 1996, IU qui s'opposait à tout accord avec le PSOE avait obtenu 10,54% des voix aux élections générales. Ses alliances locales avec le PSOE lui permettront-elles de faire mieux? Rien n'est moins sûr puisqu'en 2000 il n'avait obtenu que 5,46% des voix. Mais cela convient peut être aux notables d'IU, assis dans les fauteuils régionaux aux Asturies, au Pays Basque, en Andalousie, aux Baléares et en Catalogne.

La classe ouvrière est la grande absente du débat. Et pourtant, elle subit de plein fouet les fermetures d'usines, les restructurations, la perte de pouvoir d'achat, le travail précaire.

Quelques jours après les élections en Catalogne, plusieurs entreprises importantes annoncèrent leur fermeture: Philips, Samsung, Lear, Miniwat, Printer. C'est plusieurs milliers d'emplois qui allaient disparaître. Le tout nouveau gouvernement «de gauche» de Catalogne a réagi en disant qu'il risquait de ne plus commander de matériel à Samsung!

En Andalousie, après l'annonce de la fermeture d'Altadis (la Tabacalera), ce sont les suppressions de postes dans les chantiers navals qui continuent. Et dans tout le pays, des milliers de postes de travail sont supprimés chaque mois.

À cela s'ajoute le développement du travail précaire qui, dans des régions comme l'Andalousie, est la règle pour tous les jeunes. Les hausses de prix ces derniers mois ont été spectaculaires: 7,5% pour les aliments frais en un an, 10% sur le pain.

Dans cette campagne électorale, il manque un parti ouvrier appelant à renforcer et unifier les luttes, à aller au-delà des coups de colère qui éclatent ici et là, comme aux chantiers de Cadix récemment, et qui mette en avant un véritable programme de défense du monde du travail.

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