Le vote pour l’extrême gauche, seul moyen de condamner clairement la politique du gouvernement et du patronat19/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le vote pour l’extrême gauche, seul moyen de condamner clairement la politique du gouvernement et du patronat

Le gouvernement vient de mettre en chantier ce qu'il appelle une «réforme de la Sécurité sociale», destinée d'après lui à la «sauver». Bien qu'il prétende n'être engagé que dans une phase de «concertation», on sait d'avance ce qu'il compte faire: réduire une fois de plus les remboursements, et augmenter encore le taux de la CSG, impôt d'autant plus injuste qu'il n'est pas progressif et frappe de la même manière les smicards et les millionnaires.

Au même moment, Sanofi-Synthélabo, un des requins géants de l'industrie pharmaceutique française, a lancé une opération visant à prendre le contrôle d'un autre prédateur poids lourd de l'industrie pharmaceutique, Aventis (nourri lui-même de l'absorption de Roussel, Rhône-Poulenc, Hoechst, et quelques autres gros poissons).

Et puisque les actionnaires d'Aventis sont sollicités pour le rachat de leurs actions à un prix supérieur au marché, Sanofi-Synthélabo s'emploie à les séduire, en se vantant d'avoir une rentabilité de 24 à 25% contre seulement 15% pour Aventis. C'est tout de même nettement mieux que la Caisse d'épargne! Il est vrai qu'en 1998, au moment de sa fusion avec Sanofi, Synthélabo se vantait d'avoir augmenté, au cours des dix années précédentes, son chiffre d'affaires de 320% et ses profits de 1700%: les profits avaient donc augmenté cinq fois plus que le chiffre d'affaires.

D'ailleurs, Sanofi-Synthélabo affirme qu'il peut mettre sur la table 53 milliards d'euros (cinq fois le chiffre du prétendu «trou abyssal» de la Sécurité sociale) pour prendre le contrôle de son concurrent. Mais d'où provient cet argent, si ce n'est des médicaments et pour l'essentiel des caisses de la Sécurité sociale?

Diminuer les possibilités d'accès aux soins pour la fraction la plus pauvre de la population, tout en permettant aux gros actionnaires de s'enrichir effrontément aux dépens des cotisations des travailleurs, voilà le programme qu'appliquent dans les faits Chirac et Raffarin. Mais c'est dans tous les domaines que le gouvernement mène cette politique destinée à permettre aux plus riches de s'enrichir encore plus sur le dos de la population laborieuse, car l'industrie pharmaceutique n'est qu'un exemple.

La «réforme» de la Sécurité sociale qu'on nous annonce ne sera qu'une phase de plus de l'offensive menée sans relâche par le gouvernement et le patronat contre la population laborieuse, après les attaques contre les retraites et les chômeurs.

Les élections régionales de mars prochain constitueront une occasion de condamner cette politique. Il ne faut pas la laisser passer. Mais voter pour une liste de l'ex-gauche plurielle, afin d'exprimer notre dégoût de la politique de la droite, serait une démarche de dupes, car le Parti Socialiste, quand il était au gouvernement, a mené lui aussi une politique en faveur des possédants.

Bien des mesures appliquées aujourd'hui par la droite ont été préparées dans les cabinets du gouvernement Jospin. Et aujourd'hui, alors qu'il est dans l'opposition, le Parti Socialiste n'ose même pas s'engager à annuler purement et simplement, s'il revient au pouvoir, les mesures prises par Chirac et Raffarin, pas plus qu'il n'avait annulé, sous Jospin, la décision de Balladur de porter à quarante années la durée de cotisations nécessaires pour prendre sa retraite à taux plein.

C'est parce que le gouvernement de l'ex-gauche plurielle a profondément déçu les travailleurs que le Parti Socialiste et le Parti Communiste ont perdu quatre millions d'électeurs à l'élection présidentielle de 2002. Et aujourd'hui nous n'avons aucune raison d'absoudre ces partis pour leur politique passée, d'autant qu'ils ne la regrettent même pas.

Les seules listes qui permettront, dans les élections qui viennent, de condamner clairement la politique que mènent aujourd'hui Chirac et Raffarin, sans avoir l'air d'approuver celle qui amena Jospin et le Parti Socialiste au naufrage électoral de la présidentielle, les seules qui s'opposent non seulement au gouvernement mais aussi au patronat, ce sont les listes présentées en commun par Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire.

Arlette LAGUILLER

Editorial des bulletins d'entreprise du 16 février 2004

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