Licenciements et fausses promesses de reclassement : Les travailleurs doivent contrôler les entreprises19/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Licenciements et fausses promesses de reclassement : Les travailleurs doivent contrôler les entreprises

Pour ceux qui pourraient encore en douter, on voit ce que valent les promesses des patrons pour le reclassement des ouvriers de l'usine Metaleurop Nord (filiale du puissant trust international Glencore International AG) à Noyelles-Godault, après la fermeture de leur entreprise, en janvier 2003.

Un an plus tard, sur plus de 800 licenciés, seuls une centaine ont retrouvé un travail assorti d'un contrat à durée indéterminée, surtout des cadres. La plupart des autres se débrouillent comme ils peuvent, devant changer de métier, avec au mieux des contrats précaires et des petits boulots (par exemple, 30 heures par mois en CDD aux Pompes Funèbres). Aucun compte n'a été demandé par le gouvernement français à l'actionnaire Glencore, qui a encaissé les profits tant qu'il a pu avant de claquer la porte. Aucune contrainte n'a été exercée, ni même tentée, pour qu'il assume les conséquences humaines des dégâts causés, en prenant sur les profits passés et accumulés pour garantir l'avenir des travailleurs et de leurs familles.

Glencore est basé en Suisse ? Peut-être, mais a-t-on recherché s'il possédait des avoirs dans des banques françaises ? A-t-on même cherché à engager ne serait-ce qu'une action comparable à celle que la justice américaine a engagée contre le gouvernement français, considéré comme responsable des conditions irrégulières du rachat de l'entreprise Executive Life par le Crédit Lyonnais ? Et n'y avait-il pas moyen de contrôler les transferts de fonds effectués par Glencore aux dépens de sa filiale française avant qu'il ne parvienne à mettre celle-ci en dépôt de bilan?

Ce ne sont pas les moyens de pression et de contrôle qui manquent mais la volonté de les mettre en oeuvre contre les capitalistes, qu'ils soient domiciliés en France ou pas. Le gouvernement a pris sans hésitation la décision que les contribuables -qui n'y sont pourtant pour rien- paieraient les opérations douteuses du Crédit Lyonnais aux États-Unis, mais pas question de demander à Glencore et aux autres licencieurs de débourser quoi que ce soit lorsqu'ils décident, au travers de magouilles financières, de réduire à la misère des centaines et des centaines de familles ouvrières, des villes et des régions entières.

Mais ce que ne fait pas l'État, la population et les travailleurs, eux, pourraient le faire. Collectivement, ils disposent de tous les éléments pour exercer un contrôle sur l'ensemble des opérations, depuis le financement de la production jusqu'à sa réalisation et sa commercialisation. Les employés dans les bureaux ont accès aux comptes des entreprises. Ils savent -ou ont les moyens de savoir- où va l'argent, d'où il vient, à quoi il sert, à quel prix l'usine se fournit en matières premières auprès d'un autre capitaliste, etc. Ils le savent, pas seulement à l'occasion des bilans financiers réguliers que les entreprises sont tenues de publier, et qui peuvent être factices et maquillés. Mais ils le savent de l'intérieur, parce que ce sont eux qui les dressent, et qu'ils disposent des moyens de connaître combien et comment sont payés les ouvriers, les cadres, les PDG, ce qui va aux banques, ce qui s'investit à l'autre bout du monde, ce qui s'évapore... En liaison avec les employés des banques qui ont prêté des capitaux, qui effectuent les opérations financières des dirigeants de l'entreprise, qui transfèrent les capitaux d'une place boursière à une autre, d'une filiale à une autre, etc., les travailleurs ont entre les mains toutes les manettes de fonctionnement de la machine capitaliste.

Une telle intervention consciente et collective des travailleurs et de toute la population laborieuse dans les affaires de la bourgeoisie serait à même de donner un coup d'arrêt à la course au profit -comme à l'immense gâchis dont la concurrence est responsable -permettant de faire le constat que les licenciements collectifs ne sont jamais justifiés. Et en défendant ses intérêts, le monde du travail défendrait ceux de l'ensemble de la collectivité.

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