Mort de Pantani : Sport ou spectacle ?19/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mort de Pantani : Sport ou spectacle ?

La mort du champion cycliste italien Marco Pantani relance une fois de plus le débat sur le dopage et autres magouilles qui, selon les commentateurs, gangrènent le sport. Comme si les démonstrations des athlètes dits de haut niveau comme Pantani relevaient véritablement du sport!

Qu'on y soit sensible ou pas, c'est une banalité de dire que ce qui prime n'est pas le plaisir de la compétition que l'on pratique, mais qu'il s'agit avant tout d'un spectacle, dont les organisateurs sont des sponsors intéressés qui utilisent les sportifs comme des hommes sandwichs. Chaque partie de leur équipement, de la culotte au maillot, est utilisée et monnayée pour vanter tel ou tel produit. Leurs muscles, leurs aptitudes, leur habileté et leur talent servent de faire-valoir à une ou plusieurs marques.

Que dans un tel contexte tout soit fait, même ce qui est illégal, pour permettre au champion de se dépasser, et même de dépasser les limites de ce que lui autoriserait son organisme afin qu'il puisse sortir du lot, relève de cette logique. Il faut être le premier, même pas pour le plaisir - contestable - d'être avant l'autre, mais pour se faire payer - pour se vendre - le plus cher possible durant la courte période de la vie où l'on a suffisamment de possibilités physiques pour se maintenir au-dessus du lot.

Il y a bien longtemps que la prétendue loi du sport a cédé la place à cette loi du fric. D'autant qu'avec le développement des moyens de diffusion, la télévision en particulier, le champ des spectateurs s'est considérablement élargi. Désormais, ce sont les règles de la télévision qui président aux horaires des compétitions, choisis pour être retransmis aux meilleurs créneaux horaires, et aux emplacements publicitaires habillant les panneaux qui entourent les stades.

Le sport de haut niveau, dont on parle, c'est cela, et surtout cela. Mais c'est aussi ce miroir aux alouettes qui offre à tous ceux qui rêvent de sortir de leur condition, l'espoir, et pour beaucoup l'illusion, de pouvoir accéder au monde de la célébrité et entrer dans celui des riches. Mais pour un qui réussit - et souvent à quel prix! - combien de tâcherons y laissent souvent leur santé, et quelquefois leur vie?

Mais peut-il en être autrement dans une société régie par la concurrence entre ceux qui veulent faire de l'argent au plus vite et le plus possible, dans un monde où l'individualisme est érigé en suprême vertu?

Partager