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Leur société
Sarkozy et Perben sur les terres de Le Pen
Diverses manifestations, regroupant plusieurs centaines d'avocats, ont marqué les dernières étapes du vote de la loi sur la «grande criminalité», dite loi Perben II. Ces manifestations, ainsi que de nombreuses réactions, entre autres des associations de défense des droits de l'homme dénoncent dans cette nouvelle loi des atteintes aux droits des individus et un renforcement de la politique du tout répressif. D'autant plus qu'elle fait suite à une série de lois, signées de Perben ou de Sarkozy, mais qui comprend aussi la loi «sécurité quotidienne» promulguée par le gouvernement précédent, de Lionel Jospin.
La nouvelle loi Perben contient en effet des mesures inquiétantes, en particulier celles prises sous prétexte de lutter contre ce qu'il appelle la «criminalité organisée». Dans ce cadre, c'est-à-dire dès qu'un «délit» a été perpétré par plusieurs personnes, les délais de garde à vue sont doublés, et l'avocat ne peut plus intervenir aussi tôt que précédemment. Les pouvoirs de police sont largement étendus et les quelques limites légales qui encadraient théoriquement les écoutes téléphoniques, les perquisitions ou les interrogatoires sont enlevées. Les policiers peuvent faire ce que bon leur semble, sans contrôle et à présent en toute légalité.
Ce cadre de la «délinquance organisée» est plus qu'ambigu. On pourrait très bien y faire rentrer les travailleurs en grève d'une entreprise menacée de fermeture, qui auraient cassé les portes de quelques bureaux ou qui auraient retenu une heure ou deux leur directeur pour l'obliger à discuter. A vrai dire, on pourrait même y faire rentrer aussi tout délit, quel qu'il soit. En effet la loi prévoit que s'il s'avérait après coup qu'il ne s'agissait pas de délinquance organisée, toutes les actions menées dans ce cadre n'en resteraient pas moins valables. Autrement dit, il suffirait que les policiers décident que dans une affaire, il y a «peut-être» des complices pour qu'elle devienne délinquance organisée.
Ces mesures sont renforcées aussi par le fait que l'autorité judiciaire en tant que telle, c'est-à-dire les juges, qui conservent jusqu'à ce jour un certain degré de liberté, voient leur rôle restreint au profit du procureur de la République, représentant direct de l'État. Une procédure spéciale, dite du «plaider coupable» est en effet mise en place, dans laquelle le juge n'intervient qu'après coup, pour entériner un accord éventuel entre le procureur et la personne suspectée d'actes délictueux.
Cette nouvelle loi Perben s'ajoute à un arsenal de plus en plus important de lois répressives, inauguré avec Jospin puis largement amplifié par Perben et Sarkozy. Le but de toutes ces lois n'est d'ailleurs pas tellement de donner de nouveaux pouvoirs à la police, qui se les était attribués très facilement et depuis longtemps. Il est surtout de flatter dans le sens du poil l'électorat d'extrême droite. Sarkozy et Perben sont en concurrence directe avec Le Pen sur le terrain de la démagogie sécuritaire, qui plaît à l'électorat le plus réactionnaire. Mais toutes leurs lois ne risquent pas de résoudre le problème de la délinquance ou de l'insécurité, qui sont liées directement ou indirectement à la précarité, à la pauvreté ou à l'exclusion. Mais de cela, ils se moquent complètement