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Dans les entreprises
SNCF : le 9 mars ne doit être qu’une étape !
La grève du 9 mars à la SNCF a été bien suivie et les jours qui précédaient ont montré une ambiance qui n’avait pas été vue depuis bien longtemps. C’est non seulement avec inquiétude mais avec colère que, dans les chantiers et les gares, les cheminots ont découvert le décret-socle, base de la réglementation du travail que le gouvernement veut imposer dans la branche ferroviaire à partir de juillet prochain.
Allongement des horaires et de l’amplitude du travail, suppression de nombreux jours de repos, des repos doubles, flexibilité totale des horaires de travail au bon vouloir des patrons : il s’agit d’un retour aux conditions de travail du 19e siècle, à l’époque où les cheminots étaient surnommés « chair à tampon », en raison du nombre d’accidents mortels sur les voies.
Bon nombre de cheminots savent que leur vie quotidienne dépendra de la bataille qui va se jouer. Il est d’ailleurs notable que des jeunes cheminots, pour qui la question des retraites pouvait apparaître plus lointaine lors des précédents mouvements, se sentent directement impliqués. Il est aussi significatif qu’une partie non négligeable de la maîtrise ou de l’encadrement refusent de défendre ce décret et ont même choisi pour certains de faire grève.
La propagande de la direction, voulant convaincre les cheminots qu’il ne fallait pas prêter attention à ce décret et attendre la négociation d’une convention collective et d’un accord d’entreprise, fait chou blanc. Mais le rejet du projet de loi El Khomri a joué aussi un rôle important dans la mobilisation. Les cheminots ont bien conscience que l’attaque contre leur réglementation du travail fait partie de cette offensive générale contre les travailleurs et n’en est que l’application locale. Loi travail et décret-socle sont les deux bouts d’un même bâton : il faut imposer le retrait des deux.
En revanche, le succès de cette journée n’a pas tenu à une volonté des fédérations syndicales d’engager le bras de fer, même celles s’affichant des plus combatives. Certes, la journée du 9 mars a résulté d’un préavis commun aux différentes organisations syndicales. Mais leur matériel de propagande minimisait l’impact du décret-socle et passait sous silence la loi travail, noyant le rejet de ces attaques sans précédent sous un catalogue d’autres revendications.
Et toutes les fédérations de se lamenter que le patronat et la direction SNCF refusent de respecter le calendrier de négociations sur la future convention collective du ferroviaire. Ce serait cantonner le rôle des travailleurs et des militants à être des supporters des négociateurs syndicaux lors de sages journées d’actions égrenées jusqu’à l’été. Mais le 9 mars aura été la première levée de boucliers contre la démolition des droits et de la vie des travailleurs. Sa réussite appelle une suite. Si d’autres mouvements ne sont pas programmés d’ici là, la date du 31 mars pourrait voir le démarrage d’un véritable mouvement. Ce jour-là, l’ensemble des confédérations appellent à se mobiliser contre la loi travail. À la SNCF, un préavis reconductible devrait être déposé.
Les grévistes du 9 mars savent qu’il ne suffira pas d’une journée pour faire reculer gouvernement et patronat. Mais ils savent aussi qu’une riposte se construit. Il faut maintenant préparer ce que craignent par-dessus tout patronat et gouvernement : un mouvement de grève public-privé jusqu’au retrait des plans antiouvriers.