Côte d’Ivoire : procès Gbagbo, la justice sélective de l’impérialisme09/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2484.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d’Ivoire : procès Gbagbo, la justice sélective de l’impérialisme

Le procès de Laurent Gbagbo, qui avait débuté il y a un mois, vient de reprendre devant la Cour pénale internationale de La Haye, après deux semaines d’interruption. Gbagbo y est accusé de crimes contre l’humanité.

Formé en France, proche du Parti socialiste, Gbagbo avait dirigé la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010. Dès son arrivée au pouvoir, il avait repris à son compte une démagogie raciste et xénophobe à l’encontre des populations du nord du pays et des immigrés, surtout burkinabés, accusés de soutenir son rival Alassane Ouattara. Les massacres perpétrés par le pouvoir avaient alors fait plus de 300 morts.

Cela n’avait pas empêché l’impérialisme français, dirigé à l’époque par le gouvernement Jospin, de soutenir sans réserve le régime de Gbagbo. La Côte d’Ivoire est, depuis longtemps, un pilier de la zone d’influence française et une source de profits assurés pour Total, Bouygues, France télécom ou Bolloré.

Le renforcement de la démagogie raciste et les assassinats perpétrés par les escadrons de la mort du pouvoir n’avaient pas plus empêché le gouvernement Raffarin d’aider militairement Gbagbo à faire face à la rébellion d’une partie de l’armée fin 2002.

Mais, après l’éclatement de l’appareil d’État et la partition de fait du pays, face à la France qui insistait pour que Gbagbo partage le pouvoir avec les rebelles, celui-ci refusa. Pour se maintenir au pouvoir, il accentua sa démagogie raciste anti-immigrés, en s’appuyant aussi sur un sentiment de rejet de l’impérialisme français, téléguidant des manifestations contre les ressortissants français et allant jusqu’à faire bombarder une base militaire française en 2004.

Les dirigeants de l’impérialisme français furent donc amenés à prendre leurs distances d’avec Gbagbo. En décembre 2010, à l’issue d’une élection présidentielle contestée par les deux camps, celui de Gbagbo et celui de Ouattara, les affrontements et les massacres reprirent des deux côtés. Cette fois, le gouvernement français choisit le camp de Ouattara et envoya ses militaires chasser Gbagbo, qui fut arrêté en avril 2011.

Lâché par la France et ayant perdu la partie, Gbagbo se retrouve donc sur le banc des accusés. Il n’est cependant accusé que des crimes commis en 2011, les massacres perpétrés alors qu’il était soutenu par Paris n’étant, semble-t-il, pas pris en compte. Aujourd’hui au pouvoir, Ouattara n’est, lui, pas du tout inquiété, alors qu’il est responsable de crimes analogues, pas plus que d’ailleurs l’État français qui, pour sauvegarder les intérêts des multinationales implantées en Côte d’Ivoire et garder la mainmise sur son ancienne colonie, a soutenu sans états d’âme les tueurs.

Partager