Brésil : Lula rattrapé par les affaires09/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2484.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Lula rattrapé par les affaires

Vendredi 4 mars, l’ex-président brésilien Lula a été interpellé par la Police fédérale brésilienne, tandis que son domicile et la fondation qu’il dirige étaient perquisitionnés. Au terme de trois heures d’interrogatoire, il a été relâché. Mais il est désormais impliqué dans l’affaire Petrobras, le scandale politico-financier qui secoue le pays depuis plus d’un an.

Petrobras, la compagnie pétrolière nationale, première entreprise du pays, gonflait tous les contrats qu’elle passait avec les grandes entreprises du BTP. Grâce aux bénéfices supplémentaires, ces dernières alimentaient les caisses noires des partis et des politiciens, finançaient leurs campagnes électorales, etc. Les sommes détournées se chiffrent en milliards d’euros. Il existe d’autres affaires reposant sur le même schéma, par exemple autour des travaux de construction des lignes du métro de Sao Paulo.

Le Parti des travailleurs, parti de Lula et de la présidente Dilma Rousseff, n’est pas seul touché par le scandale. Mais comme il est au pouvoir, il est le plus déconsidéré. Lula, le dirigeant des grandes grèves de 1978 qui ont hâté la fin de la dictature, fondateur du PT et de la centrale syndicale CUT, président de 2003 à 2010, a hissé Dilma Rousseff à la présidence. Il a été longtemps épargné, à la fois du fait de son immense popularité et parce que les partis d’opposition craignaient, en le mettant en cause, de déstabiliser le pays. Lui-même disait tout ignorer des magouilles financières de son entourage, et tout le monde feignait de le croire, même s’il était bien sûr au courant.

Cette connivence a cessé, d’une part parce que les élections présidentielles de 2018 s’approchent et que Lula pourrait y être candidat – ce que l’opposition de droite redoute. Mais, d’autre part et surtout, la crise économique s’accélère brutalement. Le produit intérieur brut du pays a baissé de 4 % en 2015. L’inflation dépasse les 10 %. Le chômage explose. Le mécontentement touche tous les politiciens : Dilma Rousseff est tombée à 8 % d’opinions favorables dans les sondages et Lula lui-même n’est plus épargné ni par l’opposition ni par la justice.

Une première convocation judiciaire, le 17 février, avait été suspendue au dernier moment, mais l’enquête suivait son cours. On reproche à Lula d’avoir bénéficié de faveurs d’une valeur de 7 millions d’euros, de la part d’entreprises du BTP, concernant un appartement triplex et une maison de campagne au bord de la mer. En même temps que lui, onze personnalités devaient être arrêtées et 33 étaient visées par des mandats de perquisition dans les États de Sao Paulo, Rio et Bahia.

La crise économique bouscule la vie politique brésilienne et ébranle jusqu’à Lula. La classe ouvrière, qui en est en est pourtant la première victime, est aussi la seule qui pourrait la résoudre radicalement, en expropriant la bourgeoisie.

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