Accident de Brétigny : le faux document de la direction09/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2484.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Accident de Brétigny : le faux document de la direction

Dernière révélation dans la catastrophe ferroviaire de Brétigny : le document faisant état d’une réparation effectuée avant l’accident sur l’aiguillage défectueux serait un faux. Il aurait été écrit par un cheminot après coup, à la demande d’un haut cadre de la SNCF.

Révélé par Le Canard enchaîné, ce nouvel élément de l’enquête s’appuie sur le témoignage de plusieurs cheminots qui disent avoir été approchés par ce haut cadre pour rédiger le faux document. Il s’agissait de prouver que les travaux de maintenance réclamés depuis plusieurs années sur cet aiguillage avaient bien été effectués avant l’accident. Et, effectivement, la direction a fourni par la suite un document indiquant que les travaux de maintenance avaient été faits le 30 août 2012, environ un an avant l’accident du 13 juillet 2013. Mais il y a un hic : le technicien censé avoir réalisé ces travaux ne s’en souvient pas, et d’ailleurs les tableaux de service montrent qu’il ne travaillait pas sur le site ce jour-là !

Plus l’enquête avance, plus elle révèle un comportement inqualifiable de la part de la direction SNCF. Elle a commencé par essayer d’accuser un lampiste, sans succès. Puis elle a fait tout son possible pour mettre des bâtons dans les roues lors de l’enquête, en demandant aux cheminots impliqués d’en dire le moins possible, et même de cacher certains éléments. Aujourd’hui, il s’avère qu’elle aurait même fait réaliser un faux.

Ces éléments accablants n’empêchent pas la direction de la SNCF de remettre en cause encore une fois la qualité du rapport d’expertise, dans un courrier envoyé aux juges lundi 29 février. Elle y évoque « un scénario ne reposant que sur des hypothèses inexactes et des explications inabouties et contestables » et estime que l’assemblage défectueux pourrait avoir cédé en raison de potentielles « anomalies métallurgiques ». Elle demande en conséquence des expertises complémentaires sur ces pièces, de manière à prolonger encore l’enquête et à reculer la date du jugement.

Ce jugement aura-t-il lieu un jour ? La direction de la SNCF sera-t-elle sur le banc des accusés ? En tout cas, pour les associations de victimes comme pour les cheminots, en laissant se dégrader les infrastructures et en réduisant le personnel de maintenance de manière drastique, elle porte l’entière responsabilité de cet accident.

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