Nucléaire : Fukushima ou l’irresponsabilité illimitée09/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2484.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nucléaire : Fukushima ou l’irresponsabilité illimitée

Cinq ans après l’accident nucléaire de Fukushima, la compagnie Tepco, propriétaire de la centrale, vient de s’excuser « profondément » pour avoir minimisé la gravité de l’accident. Elle n’est pas allée jusqu’à reconnaître avoir falsifié, avant la catastrophe, des rapports sur la sûreté des installations afin d’éviter de coûteux travaux.

Ces excuses tardives n’ont pas ému les 150 000 habitants évacués dans la province de Fukushima. Des villes entières restent inhabitables dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale. Le gouvernement annonce régulièrement que le niveau de radioactivité dans telle ou telle localité est redescendu en dessous de 20 millisieverts par an, le seuil qualifié d’acceptable au Japon depuis 2011, mais vingt fois supérieur à la norme internationale. Il faut dire que, lorsqu’elles lèvent l’interdiction d’habiter dans ces villes, les autorités suppriment les indemnités versées aux personnes déplacées !

Moins de 10 % des anciens habitants de la ville de Naraha, déclarée rouverte en septembre dernier par le Premier ministre Shinto Abe, ont accepté d’y revenir. Seuls sont rentrés les plus âgés, ou ceux qui ne supportaient plus de s’entasser dans des habitats précaires. La ville accueille surtout les décontamineurs, chargés d’enlever une mince couche de terre sur des milliers de kilomètres carrés, ou encore les liquidateurs qui œuvrent sur le chantier des quatre réacteurs fortement radioactifs de Fukushima Daiichi.

Cinq ans après l’accident, il faut encore refroidir le combustible nucléaire fondu. Malgré la décontamination et le stockage de l’eau dans d’immenses cuves, quelque 300 tonnes d’eau irradiée se déversent chaque jour dans l’océan. Et surtout des milliers d’ouvriers, recrutés parmi les laissez-pour compte du pays et exploités par de multiples sous-traitants, démantèlent les réacteurs détruits, dans des conditions dangereuses, en subissant des doses de radiations élevées. Malgré ses responsabilités écrasantes, Tepco reste le maître d’œuvre de ce chantier financé par... l’État.

Après avoir arrêté les 54 réacteurs nucléaires du pays après le tsunami, l’autorité de régulation nucléaire japonaise a autorisé en 2015 la remise en marche de trois d’entre eux. Soi-disant en perspective des jeux Olympiques de Tokyo en 2020, le gouvernement veut redémarrer d’autres centrales nucléaires, y compris la deuxième centrale de Fukushima, Daini, propriété de Tepco. S’ils n’ont pas encore osé le faire, c’est parce que la population et même les élus de la région sont mobilisés pour imposer sa fermeture définitive.

Avant, pendant ou après la catastrophe, les dirigeants de Tepco et leurs complices au gouvernement n’ont cessé de mentir à la population et aux travailleurs, d’augmenter les risques en élevant les seuils légaux de radiation, de les voler en interrompant le versement des indemnités d’évacuation. Plus encore que le nucléaire, c’est leur soif de profit sans limite qui représente un danger mortel pour la société.

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