États-Unis : un militant noir libéré après 43 ans de prison09/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2484.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : un militant noir libéré après 43 ans de prison

(Cet article est traduit du journal trotskyste américain The Spark)

L’État de Louisiane a gardé Albert Woodfox à l’isolement dans une cellule de 2,70 m sur 1,80 m, dans la prison d’Angola, pendant plus de 43 ans. Le 19 février, le jour de son 69e anniversaire, il a fini par être relâché.

Avec Herman Wallace et Robert King, Woodfox faisait partie des « trois d’Angola ». Après avoir été incarcérés dans cette prison en 1971, ils furent accusés en 1972 d’avoir poignardé un gardien, Brent Miller. Woodfox et Wallace furent condamnés pour le meurtre et tous trois furent placés à l’isolement. Ils furent condamnés sans preuves matérielles et le principal témoin fut ensuite discrédité. En réalité, comme des centaines d’autres à cette époque, ils furent poursuivis pour leur activité politique. La condamnation de Woodfox et de son coaccusé fut cassée trois fois, mais l’État trouva toujours un moyen de le garder en prison.

Woodfox, Wallace et King étaient des militants du parti Black Panther dans la prison, et ils organisaient les détenus contre les injustices dont ils étaient les témoins. Ils cherchaient à empêcher les gardiens de voler de la nourriture et des outils destinés aux prisonniers, et ils essayaient de « construire un pont avec les prisonniers blancs, parce que, vous savez, la philosophie du “diviser pour régner” faisait partie de la prison », raconte Albert Woodfox. Ils formaient des groupes contre les gangs, et veillaient à se lier aux jeunes prisonniers pour « arrêter le commerce et l’esclavage sexuels qui sévissaient alors dans la prison d’Angola », dont « profitaient de nombreux membres des forces de sécurité ». Woodfox, King et Wallace maintiennent qu’ils furent poursuivis pour le meurtre de Miller en raison de cette activité politique.

L’État de Louisiane a volé à Albert Woodfox la plus grande partie de sa vie. Il lui a refusé le droit de dire au-revoir à sa mère quand elle est morte. Il a fini par libérer Herman Wallace, quelques jours seulement avant sa mort, et n’a pas laissé à Woodfox le droit de lui rendre visite ou d’aller à ses obsèques. Et, pour finir par libérer Woodfox, l’État a exigé de lui un plaidoyer de non-contestation des charges dont on l’accuse.

Malgré tout cela, Woodfox n’a pas été brisé. Il a poursuivi son combat pendant tout le temps où il était dans la prison Angola. Il a finalement été en mesure d’obtenir sa libération, en partie parce que Robert King a poursuivi le combat une fois sorti de prison, après avoir lui-même passé 29 ans à l’isolement. Et Woodfox et King veulent continuer la lutte contre l’injustice du système carcéral et de l’ensemble de la société.

« Nous étions politisés », explique Woodfox. « Nous avions compris pourquoi nous étions visés et punis, et cela donnait du sens à la poursuite du combat, parce que c’était une raison injuste, et nous étions dans une position injuste. […] Vous savez, le parti Black Panther n’existe peut-être plus, mais nous existons toujours. Et nous continuons, nous continuerons à lutter pour obtenir la libération de certains de nos camarades et, voyez-vous, à être au coude-à-coude pour essayer de combattre toutes les injustices qui continuent, chaque jour, en Amérique. »

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