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Nos lecteurs écrivent : les archéologues sur le pavé
Mardi 2 décembre, plusieurs centaines d'archéologues ont manifesté à Paris entre les ministères de la Recherche, près du Panthéon, et de la Culture, près du Louvre. Pour cause de visite à Paris du roi de Suède, l'accès à la place du Palais-Royal fut cependant bouclé, et la manifestation s'est déroulée avec un encadrement policier important. Les archéologues n'allaient pourtant pas chercher à ravir la couronne du roi, ils ont bien d'autres problèmes...
En effet, depuis 2003, les opérations d'archéologie préventive, réalisées avant travaux, sont soumises au marché et aux appels d'offres, et ce qui était avant 2003 un institut public d'archéologie effectuant la quasi-totalité des opérations, l'Inrap, se retrouve mis en concurrence tant avec d'autres organismes publics, rattachés aux collectivités territoriales, qu'avec des sociétés privées, dont les effectifs sont bien souvent constitués d'anciens CDD de l'Inrap mis à la porte, et qui ont dû aller voir ailleurs.
Aujourd'hui, un peu plus de dix ans après, la spirale des appels d'offres au rabais entraîne tout le monde de l'archéologie préventive vers la catastrophe : l'Inrap est en déficit chronique, des services de collectivités territoriales licencient, comme à Douai, dans le Nord, des sociétés privées ferment, laissant leurs salariés sur le carreau, comme chez Archéoloire, dans la région d'Angers, ou menacent de fermer, comme chez AFT, en Normandie. La dégradation des conditions de travail est la même partout, dans le public comme dans le privé, et les raisons d'être en colère ou simplement inquiet quant à son avenir ne manquent pas.
C'est donc à plusieurs centaines, venus tant du public que du privé, de différentes régions du pays, et même des universités, que les archéologues ont manifesté pour demander des comptes aux ministères de la Recherche et de la Culture, pour dire qu'ils souhaitent un grand service public de l'archéologie, qui regroupe tant ceux du privé que ceux du public, sans aucun licenciement, où que cela soit. Le travail ne manquerait pas. [...] Cette idée d'un organisme public qui regrouperait tous les archéologues, et intégrerait tous ceux menacés de licenciement, fait son chemin. Elle est mise en avant par l'intersyndicale de l'Inrap (CGT, CNT, FSU, SUD) et est depuis peu reprise par des syndicats d'entreprises privées, comme SUD. Que les barrières qui nous divisaient jusque-là commencent à tomber, c'est un gage d'avenir. Public, privé, même combat, pour un même organisme d'archéologie, sans barrière entre nous, et sans licenciements !