RSA : Le gouvernement économise 5 milliards10/12/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/12/2419.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

RSA : Le gouvernement économise 5 milliards

Logiquement, les bénéficiaires du RSA, environ 2,3 millions de foyers, devraient être beaucoup plus nombreux. Un tiers de ceux qui devraient toucher le RSA-socle, appelé précédemment RMI, ne le demandent pas. En outre, parmi les ayants droit au RSA-activité, complément de revenus qui s'adresse depuis 2009 à certains travailleurs très pauvres, le non-recours est encore plus important : il concernerait 68 % de ceux qui pourraient y prétendre. Au total, ce sont 5,2 milliards d'euros destinés aux plus démunis par le biais du RSA qui ne leur sont pas versés.

Les raisons en sont connues : toucher le RSA n'est jamais automatique, la demande et l'obtention sont des démarches difficiles. Toutes les associations d'aide aux plus démunis racontent les mêmes parcours du combattant, le manque d'information relatif aux droits et aux conditions d'éligibilité, la complexité des dossiers, le nombre décourageant de documents à fournir, avec toujours un qui manque. Sans compter les imbroglios administratifs, les dysfonctionnements dans le traitement des dossiers, l'attitude parfois méprisante de l'administration.

Et, comme la tendance générale est à l'économie, dans les centres qui s'occupent du RSA le personnel qui gère les demandes se réduit.

On peut même avoir l'impression que l'accumulation des difficultés est volontaire : le gouvernement, les administrations centrales découragent les ayants droit en compliquant par tous les bouts le recours au RSA.

Et, puis, il y a le climat détestable, les réflexions désobligeantes envers les bénéficiaires du RSA les accusations affirmant qu'ils sont des profiteurs. Le flicage croissant des bénéficiaires mis en place par les gouvernements, prétendument pour lutter contre la fraude, entretient et renforce ces préjugés et les discriminations.

Ainsi, lors de l'examen de la loi sur le financement de la Sécurité sociale, un député UMP a fait passer, à l'unanimité, un amendement permettant l'échange automatique des données entre les organismes sociaux et le fisc. Pour appuyer sa demande de contrôle, il a brandi le chiffre de 60 millions par an de fraude au RSA. Mais personne n'a rapproché ce chiffre de celui des 5,2 milliards d'euros non perçus.

Et, curieusement, personne n'a demandé non plus que la fraude sociale patronale - 20 à 25 milliards par an - soit concernée par cet amendement, que les patrons soient contrôlés, sanctionnés par le remboursement du montant de leur vol. Selon que vous serez puissant ou misérable...

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