PSA Poissy : Grève victorieuse chez le sous-traitant Antonutti10/12/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/12/2419.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Poissy : Grève victorieuse chez le sous-traitant Antonutti

Lundi 8 décembre, une trentaine de chauffeurs de camions de l'entreprise Antonutti se sont mis en grève pendant neuf heures, paralysant totalement l'usine de PSA à Poissy.

Les chauffeurs d'Antonutti livrent en flux tendu quatre pièces : les faisceaux électriques, les réservoirs, les pots d'échappement et les panneaux de portes. Certaines sont assemblées par Geodis à Achères, pour le montage des véhicules fabriqués à PSA Poissy, à quelques kilomètres de là.

Le 21 novembre, le patron a réussi à faire signer par les syndicats un accord de compétitivité prévoyant la suppression ou la baisse des primes. Cette baisse de salaire représentait entre 300 et 400 euros par mois par chauffeur. Comme d'habitude, le patron présentait cet accord comme un sacrifice indispensable pour sauver l'entreprise, qui est en redressement judiciaire. Ce que le patron cachait, mais que les salariés avaient réussi à savoir, c'est que pour juillet 2015 PSA avait ordonné à la société Geodis de déménager son activité pour venir s'installer dans l'usine de Poissy, ce qui supprimerait les allers-retours de livraison en camion.

Les chauffeurs n'étaient donc pas dupes. Ils refusaient de continuer à travailler pendant six mois avec une paye au rabais, qui aurait fait chuter le montant de leurs indemnités de licenciement et leurs allocations chômage. La grève, préparée toute la semaine précédente, a démarré dès la prise d'équipe du lundi matin. Tous les chauffeurs ont répondu présent, y compris ceux de deux autres dépôts. La revendication était simple : l'annulation de l'accord de compétitivité.

En moins d'une heure, toute l'usine de PSA à Poissy a été paralysée. Le patron, d'abord très méprisant au téléphone, s'est rendu précipitamment sur place et en moins d'une heure a reculé entièrement, payant même les heures de grève.

Les chauffeurs ont alors pris conscience de leur position de force. Sachant que le patron allait fermer l'entreprise dans six mois, ils ont décidé de profiter de l'avantage de la situation et de refuser de signer l'accord, en disant qu'ils voulaient obtenir une assurance, un « parachute », en cas de liquidation de l'entreprise. Les revendications étaient simples : que le patron s'engage à inscrire dans un éventuel futur plan de suppression d'emplois une prime supra-légale de licenciement de 50 000 euros brut augmentée de 1 000 euros net par année d'ancienneté. Le patron s'est alors presque roulé par terre, invoquant les pires difficultés financières et demandant aux chauffeurs de faire un effort. Pendant ce temps-là, la direction de PSA se faisait de plus en plus pressante, l'usine étant toujours paralysée.

Après de longues heures de cinéma, le patron a signé un accord de fin de grève en cédant sur l'annulation de l'accord de compétitivité et en s'engageant à payer 47 000 euros brut de prime de licenciement et 1 000 euros net par année d'ancienneté s'il devait y avoir un plan de suppression d'emplois, la totalité des heures de grève payées et aucune sanction ni poursuite contre les grévistes.

C'est avec la très grande satisfaction d'être victorieux que les chauffeurs ont repris le travail, en ayant avant tout gagné le maintien de leur salaire et l'annulation de l'accord de compétitivité. Bien sûr, pour le reste, tout reste à imposer et le patron a encore bien des moyens d'échapper à ce à quoi il s'est engagé, en cas de plan de suppression d'emplois, mais les chauffeurs ont fait l'expérience que c'est lorsqu'ils sont unis, déterminés et mobilisés qu'ils peuvent imposer leurs choix. Ils ne sont pas près de l'oublier pour les très prochaines batailles qui les attendent.

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