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- Lutte ouvrière n°2419
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Leur société
Lepaon et les travailleurs n'ont pas les mêmes valeurs
Lepaon n'est pas encore rejeté par la direction de la CGT, mais il l'est des syndiqués. Tout dans son attitude choque, de la part de quelqu'un qui prétend représenter le monde ouvrier. Les travaux de son appartement pour 100 000 euros, ceux pour son bureau pour 62 000 euros et l'indemnité qu'il a perçue lors de son départ de la CGT Basse-Normandie de 31 000 euros, tout cela témoignait d'un goût des avantages qui n'a pas lieu d'être pour un dirigeant syndical. Et cela, même si les largesses dont a profité Lepaon de la part de la confédération CGT sont sans commune mesure avec celles que s'octroient le monde politicien et la bourgeoisie elle-même. Elles montrent un comportement étranger au mouvement ouvrier et qui doit être combattu.
Verser chaque mois une cotisation syndicale est un sacrifice pour beaucoup de travailleurs. Et entendre des responsables syndicaux expliquer que des travaux à hauteur de 62 000 euros, pour mettre au goût du jour leur bureau, n'ont rien d'aberrant, montre le décalage qu'il y a entre ces bureaucrates et la vie des syndiqués.
L'affaire Lepaon reflète les guerres intestines qui divisent la CGT, car ces révélations ne sont pas tombées du ciel, elles ont été transmises sciemment à la presse par certains responsables de la confédération. Pour les médias ou les responsables politiques qui montent cette affaire en épingle, c'est une aubaine, l'occasion rêvée pour mener campagne contre la CGT.
C'est une campagne infâme. Tous ces gens-là, prompts à excuser tel ou tel politicien escroc, tel ou tel affairiste, veulent, au travers de Lepaon, affaiblir la principale organisation ouvrière du pays et salir ses militants. La CGT reste le syndicat dans lequel on trouve les travailleurs et les militants les plus combatifs. Alors que le patronat et le gouvernement veulent transformer les syndicats en béni-oui-oui, nombre de ces militants CGT continuent dans les entreprises à organiser la résistance et les réactions collectives.
Les travailleurs du rang comme les syndiqués savent qu'il leur est indispensable de s'organiser pour se défendre contre les attaques patronales. Ils ont bien des reproches à faire à la direction de la CGT, et en premier lieu aujourd'hui sa quasi-apathie, pour ne pas dire plus, face aux attaques du patronat et du gouvernement. Mais ils savent faire la part des choses, entre les militants qui travaillent à leurs côtés et les hautes sphères syndicales qui les représentent bien peu. Ils savent que, dans les meilleurs combats qu'ils ont menés, les militants de base ont d'abord compté sur leur détermination, leur conscience et leur organisation, alors que ce n'est pas un Lepaon qui les a aidés en quoi que ce soit. Alors demain ils continueront à lutter pour tout ce à quoi Lepaon tourne le dos.