Lors de l'émission Des paroles et des actes, sur France Télévisions le 4 décembre, Jean-Luc Mélenchon, Cécile Duflot et Benoît Hamon, censés incarner la gauche, ont été confrontés à Ingeborg Grässle, une eurodéputée allemande de la CDU, le parti d'Angela Merkel. Du pain bénit pour Mélenchon, qui n'a plus d'autre argumentation politique que de vilipender l'ennemi héréditaire allemand, comme s'il n'y avait pas là-bas aussi des pauvres et des riches, des ouvriers et des capitalistes. « Vous seriez bien avisée de nous parler sur un autre ton », a lancé Mélenchon à la députée. Et de commenter : « Cette députée allemande, caricature de "Boche" de bande dessinée, [...] déclare : "Che n'ai pas bien kompris qu'est-ce que fou foulez faire sinon fou couper les chéfeux entre fous !" [...] Je n'ai plus compté les gens qui m'ont arrêté dans la rue pour me féliciter d'avoir "bien répondu à l'Allemande". Ce qui m'en apprend beaucoup sur ce que pense notre peuple. »

Passons sur le fait qu'Ingeborg Grässle, députée CDU à qui nous pouvons sans doute reprocher beaucoup de choses, mais pas le fait d'être allemande, parle excellemment français et certainement mieux que Mélenchon ne parle sa langue. Comme si cela ne suffisait pas, dimanche 7 décembre, le chef de file du Front de gauche a enjoint à Angela Merkel de « la fermer », par ce tweet : « Maul zu, Frau Merkel ! Frankreich ist frei [La France est libre]. Occupez-vous de vos pauvres et de vos équipements en ruines ! »

Mélenchon semble vouloir s'inscrire dans une longue tradition revancharde, qui va de Napoléon III à Marine Le Pen, en passant par une longue cohorte d'abrutis galonnés et de politiciens nationalistes. En vilipendant l'Allemagne plutôt que les capitalistes, fût-ce en voulant faire des traits d'humour, Mélenchon ajoute son petit crachat à un torrent de boue xénophobe particulièrement malodorant.