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Aéroport de Toulouse-Blagnac : Les dessous d'une privatisation
De gros investissements publics viennent d'y être réalisés : réfection des pistes, nouveau hall, parkings couverts, aménagements routiers et prochaine arrivée du tramway. « Le repreneur n'aura même pas à donner un coup de peinture », déclarait un syndicaliste.
Les politiciens locaux, dont le président PS du conseil général et le maire UMP de Toulouse, sont montés au créneau pour s'inquiéter des dangers que ferait courir cette privatisation de l'aéroport. Leur souci était qu'Airbus, dont les usines d'assemblage jouxtent la piste, puisse continuer à utiliser les pistes et le terrain de l'aéroport aux mêmes conditions avantageuses qu'auparavant. Sur ce point, Airbus a pu être rassuré : l'utilisation des pistes pour ses essais en vol et de plusieurs dizaines d'hectares pour ses essais moteurs lui est garantie aux mêmes conditions tarifaires très préférentiels jusqu'à 2070 ! Quant aux redevances perçues sur les passagers, l'État a demandé un engagement sur une stabilité des prix, mais certainement pas pour une durée aussi longue.
308 millions d'euros devraient servir au désendettement, c'est-à-dire aller directement dans les coffres des financiers. Mais d'autres raisons ont certainement pesé dans la balance. Le fait par exemple que le consortium chinois assure vouloir faire de Toulouse une « porte d'entrée », avec la perspective d'au moins doubler le trafic passagers, a de quoi faire saliver tous les patrons du tourisme. Il y a aussi dans le consortium un fonds d'investissement contrôlant un loueur d'avions, qui lui-même vient de signer un protocole d'accord pour l'achat d'une centaine d'Airbus A 320. Montant de la commande : 10 milliards de dollars. Il ne fallait sans doute pas prendre le risque de fâcher un aussi bon client !
Mais, dans tous ces marchandages qui ont eu lieu autour de la cession de l'aéroport, ceux dont il a été le moins question sont les travailleurs de la plate-forme. La société ATB, gestionnaire de l'aéroport, emploie directement 320 personnes et indirectement bien plus, au travers des nombreuses sociétés sous-traitantes : sûreté (contrôle des passagers et des bagages), sécurité, nettoyage... De plus, des centaines d'autres travailleurs dépendent d'ATB dans le domaine de la restauration, de la location des boutiques, des voitures... Au total, près de 3 000 travailleurs sont concernés par cette privatisation.
Macron, le ministre de l'Économie, a assuré que le repreneur s'était engagé sur la préservation de l'emploi. Comme si l'on pouvait faire confiance à un patron ! Avec ATB, les nombreuses sociétés de la sous-traitance étaient soumises tous les deux ou trois ans à des appels d'offres. Lorsqu'un nouveau repreneur emportait le marché, les travailleurs devaient à chaque fois batailler pour ne pas voir reculer leurs conditions de travail et de salaire. Et ATB fermait les yeux lorsque les sociétés sous-traitantes commettaient de nombreuses entorses au droit du travail. De ce point de vue, la nouvelle situation ne changera rien. Qu'importe la nationalité du repreneur, les travailleurs devront se défendre contre leur nouveau patron, qui cherchera à faire fructifier son investissement sur leur dos.