Sécurité sociale : Les arrêts de travail dans le collimateur10/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2406.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : Les arrêts de travail dans le collimateur

Dans la région Languedoc-Roussillon, plus de 150 médecins ont reçu une lettre de leur Caisse d'assurance maladie leur reprochant d'avoir prescrit trop d'arrêts de travail depuis le début de l'année 2014. Dans le département de l'Aude, cela concerne près d'un praticien sur cinq.

Si ces médecins ne prescrivent pas moins d'arrêts au cours des quatre prochains mois, ils risquent d'être sanctionnés financièrement, comme ces plus de 6 000 euros d'amende dans le cas d'un médecin de l'Hérault ayant prescrit 200 arrêts « en trop ». Ils pourront aussi être « mis sous entente préalable », c'est-à-dire que tous les arrêts maladie qu'ils établiront devront obtenir l'accord préalable du service du contrôle médical de la Sécurité sociale.

Le syndicat de médecins généralistes MG France signale que de nombreux autres médecins, pour la plupart généralistes, mais aussi certains spécialistes, subissent des pressions similaires dans diverses régions, Normandie, Rhône-Alpes, Île-de-France...

Il s'agit en fait d'une politique nationale destinée à diminuer les remboursements d'indemnités journalières. Dans ce domaine comme pour le remboursement des médicaments ou des actes médicaux, la Sécurité sociale a des objectifs d'économies : elle ne veut pas que les dépenses soient en hausse de plus de 2,5 % pour l'année. Or les remboursements, pour ce qui concerne les indemnités journalières, ont progressé de 3,1 % au cours des sept premiers mois de 2014. L'objectif est donc de redresser la barre d'ici à la fin de l'année et, pour cela, la pression est mise sur les différentes caisses primaires d'assurance maladie... qui la répercutent à leur tour sur les médecins.

Les médecins auxquels il est reproché de prescrire trop d'arrêts de travail dépassent une moyenne statistique établie par la Sécurité sociale. Mais souvent ils ont tout simplement à soigner un plus grand nombre de patients atteints de maladies graves, ou de salariés affectés à des travaux pénibles. Pour donner satisfaction à la Sécurité sociale, ils ne voient alors d'autre solution que de confier certains des patients en longue maladie à d'autres médecins ! La course aux économies du gouvernement, dans le domaine de la santé publique comme dans tous les autres services publics, impose ainsi une nouvelle aberration.

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