Afrique : Ebola, un fléau aggravé par le système capitaliste10/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2406.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afrique : Ebola, un fléau aggravé par le système capitaliste

L'épidémie Ebola continue sa progression en Afrique. L'Organisation mondiale de la santé prévoit qu'elle ne pourra pas être jugulée avant six à neuf mois, et que 20 000 personnes auront été frappées d'ici là. Il faudrait 600 millions de dollars pour enrayer la maladie, disent ses responsables. Sept mois après que l'alerte eut été donnée, on en est encore à attendre cette somme, bien dérisoire par rapport au budget des grandes puissances. Pendant ce temps, les morts se comptent par milliers au Liberia, en Sierra Léone et en Guinée, et la maladie a fait son apparition au Nigeria, au Sénégal et en République démocratique du Congo.

Dans leur journal Le pouvoir aux travailleurs, nos camarades de l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes (UATCI-UCI) dénoncent la déliquescence du système de santé en Côte d'Ivoire. Le virus n'y a pour l'instant pas fait de victime, mais la situation qu'ils décrivent est commune à tous les pays de la région, et sans doute pire encore dans ceux qui sont aujourd'hui le plus touchés.

« C'est avant tout la pauvreté qui tue. C'est aussi l'incurie des autorités publiques. Quand on est pauvre, on meurt de presque tout : d'un accouchement, d'un palu, d'une fièvre typhoïde, d'une plaie mal soignée et même d'une simple diarrhée. Combien d'enfants meurent avant même d'atteindre l'âge de cinq ans ? Et c'est de pire en pire, alors qu'il existerait dans ce pays une prétendue gratuité des soins jusqu'à l'âge de cinq ans. Encore faudrait-il trouver un centre de santé digne de ce nom et avoir les moyens de s'y rendre, sans même parler du fait que la Pharmacie de Santé publique (PSP qui a été privatisée) est incapable de fournir les médicaments nécessaires alors qu'elle a été créée dans ce but. Qui ignore que même les CHU, qui sont pourtant des références en matière de soins, sont devenus depuis longtemps des mouroirs pour pauvres ? Que dire alors de l'intérieur du pays ou des villages reculés qui n'ont même pas un minimum d'infrastructures sanitaires ?

Même quand il existe des hôpitaux et des médicaments, les pauvres en sont de fait exclus. Comment un travailleur journalier, par exemple, peut-il se soigner avec son maigre salaire ? Même malade à en crever, il est généralement obligé d'aller au travail. Sinon, comment ferait-il pour gagner sa journée, étant donné qu'il n'a pas de couverture santé ? Combien de familles pauvres sont en détresse à cause d'un « accouchement difficile » ? Et c'est bien un euphémisme car les femmes et les nouveaux-nés meurent le plus souvent parce que les revenus de ces familles sont trop maigres pour assurer le minimum vital.

De simples mesures d'hygiène, comme de se laver les mains avec un produit chloré, limiteraient déjà beaucoup la propagation de l'épidémie. Mais comment faire passer le message dans les villages reculés, isolés dans la brousse ? Comment faire passer le message qu'il y a une menace et que ce n'est pas une invention mensongère ? Comment empêcher la consommation d'animaux de brousse, là où il n'y a rien d'autre ? Comment empêcher des guérisseurs, des sorciers, des petits escrocs de vendre des produits miracles ? Même à Abidjan, qui n'est pas atteinte par Ebola, on propose sur certains marchés des produits en affirmant qu'ils peuvent protéger et même guérir. Mais combien de pauvres, qui n'ont pas les moyens de passer par la pharmacie, ont l'habitude de s'approvisionner sur le marché ?

C'est le dénuement qui rend les populations pauvres encore plus vulnérables à toutes sortes de microbes et de virus. Un État réellement au service des exploités mettrait toutes ses forces et tous les moyens dont il dispose pour le bien-être et la santé de la majorité de la population, à commencer par celui des plus démunis. C'est tout le contraire que font les dirigeants qui se succèdent au pouvoir dans ce pays. Voilà pourquoi la lutte contre les maladies et leur propagation n'est pas un problème médical ou technique, en tout cas pas seulement. Elle est conditionnée par la vie sociale dans son ensemble et en premier lieu par les rapports de classes.

En débarrassant la société des parasites et des exploiteurs, les travailleurs permettraient à la grande majorité de profiter des moyens techniques et des connaissances pour faire face, le plus efficacement possible, aux maladies comme aux autres fléaux appelés souvent abusivement "naturels" ».

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