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- Lutte ouvrière n°2406
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Leur société
Mais où sont les emplois vacants ?
À défaut de lutter contre le chômage, le gouvernement s'en prend aux chômeurs qui ne voudraient paraît-il pas accepter les emplois existants : « 350 000 offres d'emploi ne trouvent pas preneur, c'est insupportable », a dit le ministre du Travail François Rebsamen. Il se situe dans la droite ligne de la campagne anti-chômeurs menée par Sarkozy qui, lui, avançait 500 000 emplois non pourvus. Mais d'où ces chiffres sortent-ils et où sont ces fameux emplois ?
En fait, les seules études sur ce sujet portent sur les emplois disponibles à un moment donné, et nombre d'entre eux sont rapidement pourvus, que ce soit par des chômeurs ou, la plupart du temps, par des salariés quittant leur travail pour un autre. Les seuls secteurs qui recrutent encore de façon permanente, bien que cela ne soit pas par centaines de milliers, sont l'hôtellerie-restauration, le bâtiment ou les services à la personne, c'est-à-dire des métiers peu qualifiés, pénibles ou avec des horaires contraignants, mal payés, bien souvent saisonniers ou avec des contrats à durée limitée. À l'autre bout de l'échelle, les offres portent sur des emplois très qualifiés ou très pointus ne concernant qu'une petite minorité de travailleurs.
Mais surtout, de quelle nature sont ces fameuses « offres d'emploi » ? « Deux heures de ménage par semaine, c'est une offre d'emploi », rappelle un responsable du Collectif des chômeurs et précaires. Tout chômeur qui les consulte dans sa région peut ainsi citer des centaines d'exemples de ces offres qui ne valent rien, telles que : « Deux jours de travail à 40 km de son domicile, payés 50 euros par jour », d'où il faut déduire les frais de transport, ou « Bac + 5 payé au smic » ! Et selon l'enquête Besoin de main-d'oeuvre de Pôle emploi de 2014, la moitié seulement des offres proposent des emplois durables -- et encore, dans « durables », Pôle emploi compte les postes en CDD ou les missions d'intérim de six mois...
C'est cela, la réalité des offres d'emploi, que Rebsamen connaît très bien. Ses propos sont d'autant plus crasseux qu'ils visent à culpabiliser les chômeurs en les présentant comme responsables de leur sort, et à les faire apparaître aux yeux de l'opinion comme des paresseux qui choisissent d'être assistés. À plus long terme, cette campagne a pour objectif de faire accepter par les chômeurs n'importe quel emploi à n'importe quel salaire, y compris par la contrainte, sous la menace de perdre leurs droits aux indemnités de chômage.
Quant au nombre de 350 000, c'est exactement celui des nouveaux chômeurs que ce système, défendu par Rebsamen et consorts, secrète chaque année, à raison d'un millier par jour en moyenne.